«Moi, Daniel Blake» je ne perds pas la face
CR | Ken Loach fait un constat amer de la pauvreté d’aujourd’hui au Royaume-Uni. Il suit le parcours de Daniel Blake, demandeur d’emploi et d’indemnités, dans un système administratif kafkaïen.
Contexte social
Les autorités du Royaume-Uni considèrent depuis 2008 que de nombreuses personnes, malgré leurs réels problèmes de santé, peuvent accéder à un travail. Elles sont tenues de participer à une série d’entretiens concernant leur recherche d’emploi. Depuis mai 2010, un plan d’austérité prévoit la privatisation d’un grand nombre de services publics. Et ce sont des salariés rémunérés sur objectifs qui actuellement appliquent les règlements !
Conserver l’estime de soi
Pris dans le piège de cette bureaucratie tatillonne qui multiplie les humiliations, un habitant de Newcastle, Daniel Blake, menuisier-charpentier, la soixantaine, veuf écopé d’une crise cardiaque, se défend pour conserver ses droits, tout comme l’estime de soi. Dans son parcours dantesque de formulaires à remplir sur écran d’ordinateur et d’entretiens insensés, il croise Katie, jeune mère célibataire sans emploi, délocalisée à Newcastle avec deux enfants. Ils s’apportent mutuellement soutien et amitié. Ne voyant pas d’amélioration à leur situation, à bout de souffle, l’homme armé d’un spray inscrit en grandes lettres sa pensée et ses revendications sur une façade de la ville.
Avec l’histoire de Daniel Blake, interprété par Dave Johns, acteur et humoriste de stand up, et de Katie, interprétée par Hayley Squires, jeune actrice prometteuse, Ken Loach dénonce un processus aberrant menant à la pauvreté et présente un film émouvant sur les relations intergénérationnelles, la solidarité, la dignité.
«Moi, Daniel Blake» de Ken Loach Fiction/drame, Angleterre-France- Belgique 2016, 100’, vo, sous-titré, 16 ans
Palme d’or, Cannes 2016 – Prix du public, Locarno 2016