Mézières – En 2025, la Grange se sublime
Présentation de la saison 2025 du Théâtre du Jorat

© Antoine Genoud
Quiconque a eu affaire un jour au service des monuments historiques sait qu’une rénovation est une entreprise conséquente et un casse-tête certain. Imaginez-vous dès lors qu’elles ont dues être les nuits blanches de celles et ceux qui ont planché sur la rénovation d’un lieu aussi mythique que le Théâtre du Jorat (voir page 6). Elargie, pomponnée, restaurée, la Grange Sublime s’apprête pourtant après de titanesque travaux à rouvrir ses portes dans quelques mois seulement pour proposer un programme culturel alléchant. Un programme raccourci par rapport aux précédentes années en raison de la durée des travaux, mais dont le contenu aura sûrement de quoi réjouir toutes sortes de publics.
C’est dans la salle communale de Mézières que Christian Ramuz, président du Conseil de fondation, et Ariane Moret, directrice du théâtre, ont présenté ce jeudi 27 février les onze affiches de cette saison, accompagnés par quelques-uns des artistes qui feront vivre la scène du théâtre ces prochains mois. Onze spectacles réunis sous le signe de la différence et de l’inconnu, en un mot, de l’autre dans son unicité. Musique, cinéma, théâtre, opéra ou cirque viendront ainsi rythmer les prochains mois de la rue du Théâtre 19. Tour d’horizon.
11 et 12 juin : Art
C’est avec l’une des pièces majeures de la fin du siècle dernier que se lancera cette nouvelle saison. Art de Yasmina Reza évoque avec humour et finesse notre rapport à l’art et aux autres. Au cœur de l’intrigue, un tableau blanc acheté 40’000 euros par l’un des protagonistes. Pour le porter, un visage connu du spectatorat de la Grange Sublime : celui de François Morel, venu la saison dernière présenter J’ai des doutes, qui revient cette fois-ci avec deux ex-complices des Deschiens, Olivier Broche et Olivier Saladin.
20 juin : Le Docteur Miracle
Non, Georges Bizet, ce n’est pas que Carmen. La preuve avec cette pièce de jeunesse relativement méconnue qui narre les aventures d’un officier obligé de se déguiser en médecin pour atteindre celle qu’il aime, dans une intrigue on ne peut plus moliéresque. Le Docteur Miracle est la nouvelle production de la Route Lyrique, concentré de jeunes talents de l’opéra dont la première a traditionnellement lieu au Théâtre du Jorat.
28 juin : Påg 1 : Morning Wood et Påg 2 : Il Bosco dell’Alba
Un bon mois après l’Eurovision de Bâle, ce sera au tour de Mézières de se parer des couleurs européennes pour accueillir deux groupes complètement délurés, les Suédois des Påg et les Italiens des Spags. Deux groupes aussi kitschs que rivaux, dans une version pop de Spinal Tap, menés par une belle brochette de comédiens et chanteurs romands.
16 août : Ciné-concert Le Mécano de la Générale
Rarement aura-t-on connu comique aussi minutieux que Buster Keaton. Cascadeur avant l’heure, « l’homme qui ne sourit jamais » aura été une inspiration pour nombre d’artistes humoristiques. C’est avec son Mécano de la Générale que les spectateurs et spectatrices du Jorat auront l’occasion d’esquisser plus d’un sourire pour la rentrée d’août. L’Orchestre des Jardins Musicaux y jouera une partition originale signée Martin Pring.
23-24 août : Sorcières
La comédie musicale reste un genre peu exploré en Suisse romande. A l’exception des productions du café-théâtre Barnabé, rares sont les troupes qui osent s’aventurer dans ce registre particulièrement exigeant. C’est pourtant la forme qu’ont choisie Xavier Michel, Alizée Oswald et Christophe Farin pour retracer l’histoire des sorcières dans la Suisse du XVe au XVIIe siècles. Une façon de « spectacliser » une thématique qui vient rencontrer les luttes féministes les plus récentes.
30 août : Le lasagne della Nonna
Dans la même veine que Les Italiens, Claire de Ribaupierre et Massimo Furlan se concentrent à nouveau sur les immigrés (ou, faudrait-il dire, les immigrées) des années 1960, cette fois-ci à travers les témoignages des nonne, ces femmes italiennes qui ont gagné la Suisse avec leur mari et qui, souvent dans l’ombre de ceux-ci, ont dû se fondre dans une nouvelle culture. A l’heure du sujet brûlant de l’immigration, un regard vers le passé ne peut se révéler qu’utile.
6-7 septembre : Optraken dans le cadre du Week-End festif
La voilà, la grande fête de la réouverture de la Grange Sublime ! Si tous les détails des festivités n’ont pas encore été dévoilés, nul doute que ce jour restera dans les mémoires. A commencer par ce spectacle complètement fou du Galactick Ensemble, qui allie cirque et théâtre avec un rythme époustouflant et dont les sublimes acrobaties auront de quoi tester la solidité du plancher de ce théâtre rénové.
12 septembre : A Night at Sun Records : Memphis ‘56
Un parfum de l’Amérique des fifties fleurera sur le Jorat en cette mi-septembre puisque le Chœur Auguste connu pour faire sortir l’art choral de ses sentiers battus, nous mènera à la naissance du rock’n’roll à coups de grands noms : Johnny Cash, Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, … Un voyage dans le temps, la musique et l’espace dirigé par Jérémie Zwahlen.
18 septembre : Merci pour le couteau à poisson, les conversations et les délices au jambon
Unique seule-en-scène de cette saison, le spectacle de Brigitte Rosset n’est pas à prendre comme n’importe quelle prestation de stand-up. De fait, plus qu’un seul spectacle comique, la comédienne nous propose cette fois-ci une réelle réflexion sur le temps qui passe et sur ce que l’on transmet plus loin. Plein de nostalgie et de poésie dans le passage d’un cap des cinquante ans qui encourage à une prise de recul.
26 et 27 septembre : Les Soeurs Hilton
On les avait découvert au Théâtre du Jorat avec 20’000 lieues sous les mers la saison dernière, Christian Hecq et Valérie Lesort reviennent pour deux uniques dates en Suisse avec Les Soeurs Hilton, récit de vie de deux sœurs siamoises à l’époque de ce qu’on appelait encore les « bêtes de foire ». Une biographie magnifiée par les effets de scènes grandioses qui a tout du divertissement de qualité.
3 et 4 octobre : La Réunification des deux Corées
Ne vous attendez pas à une fable géopolitique complexe, La Réunification des deux Corées nous parle plus de Cupidon que de Kim Jong-Un. Deux ans après Cendrillon, Joël Pommerat, l’un des dramaturges contemporains les plus en vue, revient à la Grange Sublime avec ce panoptique romantique, succession de petites scènes sur l’amour et le manque d’amour.

© Antoine Genoud