Mézières – 118e Assemblée sapeurs-pompiers vaudois
Qui, parmi les esprits les plus clairvoyants, eût pu présager que l’Assemblée générale de la Fédération vaudoise des sapeurs-pompiers, tenue en la modeste mais noble localité de Mézières, s’écoulerait sous un ciel clément, baigné d’une lumière quasi estivale, en ce printemps capricieux de 2025 ?

Et pourtant, le miracle advint
Laurent Ritzmann, président du comité d’organisation d’Oron, rayonnait de satisfaction. Il faut dire que ce 118e anniversaire, si symbolique pour ceux dont le numéro d’appel de téléphone est justement ce même chiffre – 118 -, dépassa les espérances les plus hardies. Il y a dix ans, en 2015, à Oron déjà, une pluie battante avait gâché la fête, rappelant à tous que le pompier brave les éléments mais n’en demeure pas moins homme, sujet aux affres de la nature.
L’assemblée
L’assemblée proprement dite se tint le jeudi, dans la grande salle de Mézières, durant trois heures. Le major Thierry Charley, président sortant de la FVSP présida ses derniers travaux, empreints de solennité. Sous son regard, émotion contenue, l’on désigna son successeur : Yves Dupuis, élu en son absence, signe peut-être de l’estime muette qu’on lui porte. Trois autres membres vinrent compléter le comité, en remplacement de ceux qui, après de fidèles années de service, se retirent.
Parmi les discours marquants, celui de Daniel Ruch, président d’honneur, syndic de Corcelles-le-Jorat et conseiller national, se détacha par son verbe chaleureux. Il exprima sa gratitude à l’endroit du SIDIS Oron-Jorat, saluant leur organisation irréprochable, et invita chacun à contempler la beauté simple mais profonde de la région du Jorat. Il sut, en quelques mots, résumer la vocation de ces hommes et femmes du feu : « entre vitesse et
maîtrise, entre urgence et réflexion » – voilà bien la dialectique de l’engagement pompier, fondé non point sur la seule compétence, mais sur un don de soi, constant, humble, silencieux.
Puis ce fut au tour de Patrick Emery, syndic de Mézières et ancien commandant, de rendre hommage au comité de 2025 et à son président Ritzmann, sans oublier cette armée discrète mais ô combien essentielle de super-bénévoles, qui œuvrèrent avec une régularité d’horloger tout au long de la manifestation.
Enfin, Laurent Wehrli, président de la Fédération suisse des sapeurs-pompiers, lui-même conseiller national, s’adressa à l’assemblée. Pour son ultime mandat, il célébra le chiffre 118, totem et talisman d’une profession bâtie sur la rigueur, la solidarité et la disponibilité sans faille. Il évoqua aussi les concours organisés en marge de l’assemblée, mettant à l’honneur les savoir-faire et réflexes des intervenants des SDIS, ces gardiens modernes du quotidien.
Clou de la manifestation
Le samedi, sous un soleil bigarré et entrecoupé de quelques ondées aussi brèves que légères, un grand cortège traversa les rues de Mézières. Plus de mille sapeurs-pompiers, en tenue, défilèrent avec une majesté simple, entourés de véhicules anciens et modernes, sous les regards admiratifs de leurs proches et des habitants de la bourgade, tous conquis.
La veille, près de quatre cents convives s’étaient attablés sous la cantine. Le lendemain, mille pompiers, invités par leurs SIDIS respectifs, se virent servir un bœuf à la broche de 464 kilos, préparé par la Boucherie Haenny, de Vucherens. Le fils Stéphane, à la tête d’une équipe infatigable, veilla à une cuisson lente et méticuleuse, entamée vingt heures plus tôt. A 17h30, on entama la coupe ; à 19h30, mille convives étaient servis, dans un ballet de précision digne des cuisines d’un roi, sous les huées et les cris de certains qui n’en revenaient pas de s’être aussi bien classé dans les concours. La fête a permis, par une pyramide de corps, de décrocher les écussons des SIDIS respectifs suspendus au sommet de la cantine.
Le traditionnel enlèvement par les Brigands du Jorat de l’ancien président le major Thierry Charley, nouveau membre d’honneur de la Fédération, s’est magnifiquement terminé par la remise d’une rançon.
Les démonstrations d’anciens engins à bras, les expositions de matériel, charmèrent une foule bigarrée de curieux, de passionnés et de familles. Ce fut là, au cœur d’un village, une fête de l’honneur, du courage et du service, digne de figurer dans les chroniques d’un siècle que l’on voudrait plus reconnaissant envers ses serviteurs de l’ombre.