Médiation
La Justice restaurative

La justice restaurative représente une approche différente, axée sur la réparation plutôt que sur la simple punition. Après la condamnation de l’accusé par la justice pénale ordinaire, la justice restaurative vise à réparer le lien brisé entre l’auteur d’un acte répréhensible et sa victime. Cette méthode encourage le dialogue, offre à la victime une place centrale et permet à l’agresseur de prendre conscience de l’impact de ses actes.
Laurent Damond, avocat | Il faisait nuit noire lorsque Michael, rentrant d’une longue journée de travail, fut brusquement poussé au sol dans une ruelle déserte. Face à lui, Marc, les traits déformés par le désespoir, brandissait un couteau. « Ton argent vite ou sinon, je te tue !!! » a-t-il lâché d’une voix ferme. Sous la menace, Michael s’est exécuté, terrorisé et tremblant, tandis que Marc, emportant tous les avoirs de sa victime, disparaissait dans l’obscurité.
Des mois après cet épisode, Marc fut arrêté. Condamné, il se retrouva derrière les barreaux, ruminant son geste né d’une profonde détresse financière. C’est dans ce contexte qu’il proposa une rencontre de médiation à Michael. A la grande surprise du détenu, la victime accepta, espérant trouver le moyen de fermer la page de ce terrible épisode qui hantait encore ses nuits.
Le jour de la rencontre fut empreint d’une tension et d’une émotion palpables. Dans la salle austère de la prison, une table séparait les deux hommes, sous le regard du médiateur. La présence de celui-ci est indispensable au bon déroulement de la rencontre et elle permet aux parties de se sentir en sécurité dans leurs échanges.
Marc, les yeux baissés, tordait ses mains nerveusement. Michael, l’air résolu mais nerveux, prit la parole le premier, pour lui poser la question qui lui taraudait l’esprit depuis si longtemps. « Pourquoi ? ». Sa voix était ferme mais chargée d’émotion. Marc releva la tête et déclara : « Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis désolé. Je vivais un enfer, sans travail, sans espoir. J’étais désespéré.. ».
Les minutes passèrent, entre explications, questions et lourds silences. Marc écouta Michael décrire l’impact de l’agression sur sa vie, les nuits sans sommeil, les cauchemars et la peur constante. Touché par la douleur qu’il avait causée, Marc exprima des remords, des excuses qui, pour la première fois depuis longtemps, apportèrent à Michael un semblant de paix.
Vers la fin de leur rencontre, une proposition fut mise sur la table. Marc proposa de participer à des actions de sensibilisation contre la criminalité dès sa libération. « Je veux aider d’autres personnes à ne pas faire les mêmes erreurs que moi ». Michael acquiesça, reconnaissant que cette démarche pourrait être bénéfique pour beaucoup. En quittant la salle de médiation, malgré le poids de ce moment difficile, ils partageaient un sentiment d’espoir et de gratitude vis-à vis de la justice restaurative.
Cette rencontre n’a pas changé le passé, mais elle permit à chacun de repartir avec quelque chose de précieux. Michael, avec un sentiment de justice et peut-être le début d’un pardon. Marc, avec la reconnaissance de sa responsabilité et l’espoir de rédemption.
La justice restaurative ne résout pas tous les maux, mais elle offre un espace où le dialogue peut transformer la douleur en guérison et l’adversité en une compréhension mutuelle, redonnant ainsi humanité et dignité à tous les impliqués.