Lutry planche sur la refonte de sa traversée
Conseil communal du 27 octobre
Le Conseil communal valide un crédit d’étude de 1,43 million pour refondre les routes de la Petite-Corniche, d’Ouchy et de Lavaux. Au programme : trottoirs élargis, continuités cyclables, arrêts de bus aux normes et giratoire allongé au Grand-Pont, le tout sans emprise sur des parcelles privées. Fin des travaux envisagée pour 2031.

Le dossier remonte au retrait, en décembre 2022, du projet de Bus à haut niveau de service (BHNS) sur la RC 780. Pour rappel, Paudex avait refusé son volet routier, rendant impossible un aménagement en traversée des trois communes. La Municipalité de Lutry repart alors de zéro avec un avant-projet finalisé en 2025. Le crédit d’étude de 1,43 million structure la traversée est-ouest de Lutry et ses liaisons vers le futur collège de la Combe et le quartier de Burquenet. L’objectif est double : remettre à niveau des infrastructures datant de 1970 (chaussées, réseaux, bruit, eaux) et rééquilibrer la mobilité multimodale.
Une traversée plus fluide, mais sans miracle
Secteur par secteur, l’avant-projet prévoit trottoirs élargis, continuités cyclables, repositionnement d’arrêts de bus et, au Grand-Pont, un giratoire « cacahuète » avec réorganisation des accès. Côté Burquenet, la configuration passe à deux voies pour les voitures, ajoute une voie de bus prioritaire en direction de Lausanne et maintient les passages inférieurs vers le collège et le périmètre du Voisinand. Les transitions vers les zones 30 à l’entrée du bourg sont corrigées. Au nord (limite Paudex), le trottoir sud s’élargit et de nouveaux soutènements libèrent des zones vertes, avec un accès à la petite plage pour les personnes à mobilité réduite. A Savuit et à la Petite-Corniche, deux voies et des bandes cyclables sont prévues.
« L’enjeu n’est pas de réduire la circulation, mais de mieux la répartir », évoque Etienne Blanc, municipal responsable des travaux et domaines. Ce dernier rappelle qu’il est indispensable d’intervenir sur la traversée de la route de Lavaux en raison, notamment, de l’état de la chaussée. Dans le rapport de la commission chargée d’étudier le préavis, on peut lire qu’une configuration à deux voies automobiles, complétée par une voie bus et des aménagements cyclables, peut absorber le trafic, pour autant que l’on accompagne le report modal : « Ce projet, c’est une suite logique. Il faut adapter nos infrastructures aux usages d’aujourd’hui. »
Débats autour du rond-point
Dans la salle, les sensibilités s’expriment. « Je ne suis pas très à l’aise avec ce préavis : la population attend qu’on gère le trafic, pas qu’on le dévie ou qu’on le temporise », lance Ludovic Paschoud. Du côté de la Municipalité, Etienne Blanc recadre le contexte : « Le giratoire ne règle pas tout certes, mais il fluidifie. Et, globalement, la fluidité devrait rester proche d’aujourd’hui, c’est un projet pragmatique et consensuel. » Le conseiller Raymond Sudan interroge le cap : « Quels bénéfices concrets pour les Lutryens d’ici quarante ans, je dis bien pour les Lutryens, pas seulement pour ceux qui vont sur Lausanne, mais ceux qui vont vers Chexbres ou Oron ? » Le calendrier est posé : démarrage début de l’année prochaine, projet d’ouvrage fin 2026, examen préalable en 2027, mise à l’enquête à l’été 2027, appel d’offres fin 2027, crédit de construction au printemps 2028, travaux dès l’été 2028 et mise en service fin 2031. Le Conseil accepte le crédit avec 61 voix pour, 5 contre et 6 abstentions.
Arrêté d’imposition 2026-2027
Le deuxième préavis de cette soirée concerne le taux d’imposition. Un amendement déposé par Denis Aguet propose de limiter la durée à une seule année (chaque deux ans aujourd’hui) afin d’ajuster plus vite si nécessaire le taux en question. Le débat s’ouvre sur l’opportunité et le signal envoyé par cette envie de changement : « Je m’étonne de cet amendement. S’agit-il d’obtenir davantage d’informations dans une année ? Je ne pense pas, puisque le rapport de la commission a été salué par l’auteur même de l’amendement. Est-ce qu’on craint un événement imprévisible ? Ce n’est pas le cas non plus. Si ce n’est pas pour une raison imprévisible, c’est donc qu’on prévoit déjà un changement. Dit autrement, on sait aujourd’hui qu’on veut modifier le taux d’imposition dans une année. Le taux d’imposition, c’est-à-dire le porte-monnaie des contribuables, n’est pas la seule variable d’ajustement. Si quelqu’un ici pense augmenter les impôts et réussir à passer devant le peuple, il serait probablement bon d’actionner d’abord les autres leviers à disposition », plaide Vincent Arlettaz.
L’amendement est refusé par 49 voix contre 22 et 1 abstention, tandis que le préavis lui-même est accepté (53 voix pour, 5 contre, 17 abstentions).
Economie circulaire et reconnaissance de la Palestine
Le postulat de Nathalie Mottier (IVL) « Encourageons l’économie circulaire à Lutry » demande d’étudier des mesures simples et rapides : ressourcerie à la déchèterie, plateforme de prêt ou partage, ateliers de réparation. Etienne Blanc rappelle les dispositifs déjà en place (réemploi spontané, filières pour les téléphones conditionnées par la protection des données) et la possibilité d’aller plus loin. Le renvoi à la Municipalité est accepté à une large majorité (64 oui, 3 non, 3 abstentions).
Le postulat de Céline Jayet (Verts) demande que Lutry interpelle le Conseil d’Etat pour qu’il plaide la reconnaissance de l’Etat palestinien par la Confédération. La discussion porte moins sur le fond que sur la compétence du niveau communal : « Nous ne sommes ni légitimes ni équipés pour trancher une question de politique étrangère », estime Vincent Arlettaz, alors que d’autres élus, comme Jérémy La Scala et Charles Chevalley soulignent l’écho local d’un conflit qui « hante une partie de la population et le postulat appelle à faire entendre une voix ». Le postulat est refusé (44 non, 24 oui, 4 abstentions ).


