Lutry – Association ARIEL, une oasis communautaire pour l’instruction en liberté
Face à la montée de l’école à la maison dans le canton de Vaud, l’association ARIEL, fondée en mars 2025, propose un espace d’entraide et de co-apprentissage pour les familles. Sa fondatrice, Kelly Blanchart, défend une approche communautaire et respectueuse des rythmes de chacun

A la rentrée d’août 2024, 938 enfants étaient instruits à domicile dans le canton, contre 220 en 2013. Bien que minoritaire par rapport aux élèves des écoles (96’307 élèves), ce mode d’apprentissage connaît une croissance constante. C’est dans ce contexte que l’association ARIEL a vu le jour en mars dernier, avec pour mission de soutenir les familles optant pour l’instruction en liberté. Sa fondatrice, Kelly Blanchart, explique que plusieurs familles cherchent ce genre de structure : « Nous sentons un vrai besoin de la part des enfants mais aussi des parents. »
Le nombre d’organismes pratiquant l’instruction en famille se compte sur les doigts d’une main en terre vaudoise. Outre ARIEL, on peut citer l’association l’Ecolibre au Chalet-à-Gobet et l’association Faire l’école en liberté (FEEL) à La Sarraz. Si chaque canton possède sa propre réglementation en la matière, le cadre légal vaudois est relativement permissif : les parents peuvent instruire leurs enfants à domicile en informant simplement les autorités, sans besoin d’autorisation préalable. Toutefois, des contrôles annuels sont effectués pour s’assurer de la qualité de l’enseignement, et les enfants doivent passer les Epreuves cantonales de référence (ECR) à certains niveaux scolaires. Une révision de la loi est en cours, envisageant notamment l’introduction d’une autorisation formelle et de nouvelles exigences pour les parents instructeurs.
Démarche communautaire
Avant de fonder ARIEL, Kelly Blanchart a passé plusieurs semaines au sein de l’association l’Ecolibre avec son enfant. Une expérience qui l’a poussée à créer sa propre association. ARIEL fonctionne sur un modèle d’adhésion mensuelle. Elle ouvre ses portes du mardi au vendredi, de septembre à juin, et met à disposition divers espaces : un grand jardin, une cuisine, un salon, une salle de jeux libres, un atelier créatif, une salle de sport pour le fitness ou le yoga, une buanderie, ainsi que des zones de coworking. « Il ne s’agit pas d’un service de garderie. La présence d’un parent est recommandée, car l’idée est de transmettre leur savoir-faire aux enfants et de tisser des liens intergénérationnels », précise Kelly Blanchart.
L’approche pédagogique d’ARIEL se veut souple. « Je n’aime pas parler d’école à la maison, car pour moi, il est compliqué de transmettre des connaissances à son propre enfant de 9h à 16h. Je préfère le terme d’instruction en liberté car on apprend partout et en tout temps », insiste-t-elle. A Lutry, les activités varient : ateliers, sorties au musée, balades en forêt, moments au lac. « Chacun partage ses compétences pour compléter les apprentissages des autres. »
Dans le canton de Vaud, une structure accueillant six élèves ou plus est considérée comme une école au sens légal. Pour éviter cette classification, ARIEL qui n’est pas une école, mise sur des regroupements flexibles et des activités non formalisées pour les apprentissages. L’un des objectifs affichés de l’association est de favoriser la création de liens durables entre les familles. « Notre rôle est de les réunir, de proposer un accompagnement respectueux des enfants, en sortant des violences éducatives ordinaires, tout en aidant les parents à se libérer des schémas qu’ils ont intégrés durant leur propre enfance et scolarité », souligne Kelly. A terme, elle espère rassembler plusieurs familles au sein d’Ariel.