Lutry – Archives communales sous un seul et même toit
Conseil communal du 9 décembre
En acceptant l’adaptation d’un local, les élus lutryens assurent la sécurité de la documentation historique pour les prochaines décennies.
Aujourd’hui, la documentation historique de la commune est répartie dans trois différents lieux. Une décentralisation qui s’explique par un manque de place. Le projet prévoit de tout réunir sous un seul et même toit, d’offrir un accès simplifié aux archives, et de conserver ces dernières à l’abri du feu, de l’eau ou encore de la poussière. Pour le président de la commission de gestion, Guy Minder, il est important de rappeler qu’il s’agit là d’une obligation pour toutes communes.
Ainsi, l’objet soumis aux conseillers doit permettre à la municipalité d’emprunter la somme de 950’000 francs pour aménager un local situé dans un bâtiment situé au chemin Les Champs 2-4 à Lutry. L’obtention du crédit de construction accepté par le Conseil communal, les soumissions seront établies et transmises aux entreprises. En termes de calendrier, les entreprises pourront soumettre leurs services à la municipalité d’ici à la fin avril 2024. Les travaux débuteront au deuxième semestre de l’année prochaine, leur durée est estimée à six mois.
Budget 2024
D’ordre général, la version de l’année prochaine ne diffère pas considérablement de la mouture 2023 : « Tout comme au budget 2023 et aux comptes 2022, la barre des 100 millions de charges devrait être dépassée en 2024, positionnant ainsi Lutry parmi les 10 villes du canton dont le budget de fonctionnement est supérieur à 100 millions » indique la documentation en préambule.
Dans le détail, l’ensemble des charges atteint 91 millions de francs (91’125’000.-). Pour la commission des finances (Cofin) et son rapporteur, la commune ne devrait pas avoir recours à l’emprunt : « Les charges non maitrisables progressent de 3.2 %, tandis que celles qui sont maitrisables ne progressent que de 1.2 % ». Pour rappel, les communes n’ont pas de capacité de décision pour les charges qui relèvent du droit cantonal (voir encadré).
Au chapitre des modifications, la Cofin dépose un amendement afin de revoir un projet d’aménagement au Parc Bochat. « Vous vous en souvenez, votre commission des finances et votre conseil avaient approuvé l’année dernière un crédit de 193’000 francs pour des projets de cohésion sociale dans cet espace vert. Aujourd’hui, suite au manque de précisions de ce projet, la Cofin souhaite que le montant supplémentaire de 150’000 francs qui est demandé fasse l’objet d’un futur préavis. Par ailleurs, nous demandons de supprimer cette ligne du
budget. »
Inviter un délégué des TL
Toujours dans la discussion dédiée au budget, le conseiller Eugène Chollet formule un vœu : « En constatant l’augmentation permanente des coûts liés aux Transports publics lausannois et sans avoir accès aux comptes de cette entreprise, je propose à la municipalité d’inviter un responsable financier des TL avant une future séance de ce conseil ». Du côté de l’exécutif, cette demande sera prise en considération, comme l’explique Patrick Sutter, municipal en charge de la mobilité : « Nous ferons venir un représentant des TL pour expliquer pourquoi les coûts évoluent de 278’000 francs l’année prochaine ». Un montant comprenant également les dépenses liées aux coûts non couverts des lignes régionales.
Après les transports publics, place aux infrastructures routières. Les feux se trouvant au carrefour du Voisinand accusent le poids des années. Le contrôleur de ces installations tombe fréquemment en panne. Un mini préavis de 165’000 francs permettra de changer le système. Un investissement qui interroge Tamara Schneider. Pour la conseillère communale, relier ce carrefour à une gestion coordonnée du trafic d’agglomération (GCTA) doit faire l’objet d’un préavis et non, d’un mini-préavis où, le Conseil communal n’a pas de contrôle. Plus au nord, le scénario est similaire. Dans la localité de Corsy, les changements projetés permettraient d’optimiser les croisements à la route du Landar, au chemin de la Pépinière, et au chemin de la Cornèle. Une manière de faire qui interroge également Tamara Schneider. Mais pour Patrick Sutter, il est important de bien comprendre ces objets avant de les remettre en considération : « Il s’agit là, d’entretien de matériel et de sécuriser ces carrefours afin de garantir la fluidité du trafic. Car il y a une certaine urgence. Concernant le carrefour du Voisinand, le raccordement à la GCTA fera l’objet d’un préavis ultérieur. »
Après avoir passé en revue chaque chapitre du budget, les élus lèvent les mains pour accepter d’une part, l’amendement de la Cofin, ainsi que le budget.
10’000 arbres, pour 10’000 habitants
Le texte demande à la municipalité d’étudier et de développer une stratégie d’arborisation urbaine venant compléter la stratégie de végétalisation : « Il s’agit de rafraichir les milieux urbains et augmenter le rythme des nouvelles plantations » commente Valérie Dormenval.
Pour la municipalité, il sera question de définir qu’est-ce qu’un arbre : « Pour le canton, on parle d’un arbre dès 8 centimètres de diamètre. Ce postulat va dans le même sens que la volonté de l’exécutif, puisqu’on compte un grand nombre d’arbres classés dans la commune. Sans oublier les divers projets de construction qui intègrent des végétaux » partage Etienne Blanc, municipal en charge des travaux et domaines. Un postulat accepté à une large majorité.
Deux textes pour améliorer l’accueil de jour des enfants
Etablir un plan d’investissement et de développement pour rattraper le retard dans l’accueil de jour des enfants, c’est ce que demande la motion du groupe des Verts et Indépendants : « Les retours de la population montrent qu’actuellement les besoins en matière d’accueil de jour ne sont absolument pas couverts. Par accueil de jour, on entend l’accueil préscolaire et parascolaire » précise Kilian Duggan. « Il s’agit de développer une vision et de donner les moyens afin d’accueillir des enfants dans notre commune ». Dans son texte, l’ancien municipal apporte des chiffres expliquant le retard en matière d’accueil de l’enfance : « En 2025, la commune devrait être capable de proposer 1014,6 jours de garde par semaine. A l’heure actuelle, elle en offre 110 ».
Pour Julie Gabriel, ces chiffres sont erronés :
« Le postulat qui sera présenté après cette motion, annonce des chiffres différents. Je suis mère d’une fille de sept mois, on vient de me dire qu’il fallait attendre entre 18 et 24 mois pour une place en crèche publique. Malgré le problème clair dans ce domaine, je ne souhaite pas soutenir un texte s’appuyant sur des chiffres erronés ». Après plusieurs autres discussions, des conseillers rappellent que l’on discute sur les conclusions de la motion, et non sur les détails en amont. Suite à cela, le président procède aux votes : « La motion est acceptée par 34 voix, 31 non et six abstentions. »
Le conseiller Alain Plattet dépose un postulat demandant à la municipalité d’apporter des informations dans son développement des futurs structures d’accueil de jour : « Il s’agit de développer la gestion des crèches, la stratégie immobilière et budgétaire et le soutien à des offres alternatives comme les structures privées. Aujourd’hui, l’offre pour le parascolaire est excellente. Nous ne pouvons pas en dire autant pour le préscolaire. Avec un manque de 36 places, cela génère une liste d’attente pour une centaine d’enfants ».
Le postulat est accepté à
l’unanimité.
Comprendre le budget avec Vincent Arlettaz, membre de la commission des finances
Le Courrier : Un budget, c’est quoi ?
Vincent Arlettaz : Un budget, c’est à la fois une prévision des dépenses et des recettes prévues pour l’année suivante et une autorisation accordée à la municipalité de dépenser de l’argent pour faire fonctionner la commune. C’est ce qui permet de définir les priorités en matière d’utilisation des deniers publics. L’exécutif, donc la municipalité, n’est pas dans l’obligation de dépenser les montants dans leur intégralité.
Le Courrier : Comment est constitué ce budget ?
Vincent Arlettaz : Pour Lutry, le budget est scindé en trois. On y retrouve les charges de fonctionnement, qui permettent de subvenir aux besoins courants de la commune. On peut comparer cela, pour un citoyen, au paiement du loyer pour son appartement.
Après, il y a les dépenses d’investissements, c’est ce que l’on appelle plus communément les mini-préavis. En gros, ce sont tous les projets ne nécessitant pas un préavis complet. Si l’on compare toujours avec la situation d’un citoyen et de son appartement, c’est comme lorsqu’il décide de changer la tapisserie dans une pièce. Par contre, refaire toute la cuisine nécessiterait un préavis complet avec davantage d’informations.
La dernière et troisième partie concerne les services industriels. On peut voir les SI comme une entreprise appartenant à la commune.
Le Courrier : Quelles parties intéressent le plus les membres
du Conseil communal ?
Vincent Arlettaz : Je dirais que tout nous intéresse. Même si les grosses charges de fonctionnement et les dépenses d’investissements retiennent davantage l’attention des élus, car ces derniers doivent prendre des décisions dans l’intérêt de la commune. Soit en validant ce que la municipalité présente dans son budget, soit en déposant un amendement pour le modifier, et donner plus ou moins d’argent à une thématique.
Le Courrier : Sur quoi le Conseil communal peut-il se prononcer ?
Vincent Arlettaz : Ce qu’il faut comprendre, c’est que sur un budget d’environ 85 millions (sans les SI), le Conseil communal en maîtrise uniquement environ 20 à 30 millions. Si l’on regarde vingt ans en arrière, le montant maîtrisable était déjà sensiblement le même, sauf que le budget ne passait pas la barre des 50 millions. Avec le temps, les charges péréquatives ont pris l’ascenseur, ce qui a augmenté notre budget sans avoir aucune maitrise sur ces dernières. On peut également citer les participations de la commune dans des structures externes, comme les TL. Les communes faisant partie du territoire des Transports Lausannois doivent prendre en charge leur déficit. Pour comparer à nouveau avec le fonctionnement d’un logement, c’est comme une augmentation du prix de l’électricité. On peut se plaindre, demander des explications et chercher des solutions alternatives, mais on ne peut pas simplement refuser de payer la facture.
Propos recueilli par Thomas Cramatte