Lutry adapte son budget en temporisant les dépenses liées à sa politique culturelle
Conseil communal du 7 décembre

Alors que la Municipalité de Lutry dévoile un budget 2025 marqué par des défis financiers considérables, la commission des finances (CoFin) propose trois amendements destinés à temporiser les dépenses, notamment dans les affaires culturelles. Cette décision, bien que temporaire, suscite débats et inquiétudes au sein du Conseil communal.
Avec un déficit annoncé de 3,4 millions de francs, le budget 2025 reflète les contraintes économiques pesant sur la commune. Bien que la Nouvelle péréquation intercommunale vaudoise (NPIV), effective dès janvier 2025, entraîne une légère baisse des charges cantonales et intercommunales. Malgré cette action positive, les finances de Lutry restent fragiles. Les recettes budgétisées à 78 millions ne couvrent pas les charges courantes, estimées à 79,2 millions, laissant une insuffisance d’autofinancement de 1,3 million. La commune devra donc recourir à l’endettement pour équilibrer ses comptes.
Ajuster sans couper
Pour la politique culturelle, un premier amendement proposé par la CoFin réduit le budget de 423’000 à 323’000 francs, permettant une économie de 100’000 francs. Ludovic Paschoud, président de la CoFin, a souligné le caractère temporaire souhaité de cette mesure : « Il ne s’agit pas de couper, mais de temporiser en attendant que la Municipalité définisse une politique publique culturelle claire, avec des critères de répartition précis ». Cependant, cette réduction inquiète certains élus : « Ces 100’000 francs en moins auront des répercussions significatives sur nos associations culturelles et nos événements », s’alarme Jean-François Chapuisat. Alain Amy, municipal en charge des affaires culturelles, assure que les subventions ont été et seront attribuées en toute transparence : « Aucun accord oral ou informel n’a été conclu. »
Un signal clair
Baptiste Savoy, président de l’organisation de la Fête des vendanges, a déposé un sous-amendement visant à réduire de moitié la diminution proposée par la CoFin. Ce sous-amendement, accepté par 51 voix contre 13 avec 4 abstentions, fixe finalement le budget 2025 des affaires culturelles à 393’000 francs, en lieu et place des 423’000 francs initiaux. Selon lui, cette mesure envoie un message fort et équilibré : « Cette réduction doit s’accompagner d’un engagement à revenir avec une politique culturelle renforcée ». Pour Vincent Arlettaz, membre de la CoFin, il est nécessaire de rappeler l’importance d’une gestion rigoureuse des fonds publics : « Notre devoir est de pouvoir dire aux structures culturelles et à nos citoyens que les montants octroyés le sont sur des règles claires ». Après l’acceptation du sous-amendement, la demande de modification de la CoFin est adoptée par 51 voix contre 13, avec 4 abstentions.
Manifestations jeunesse et cohésion sociale
Deux autres amendements, également proposés par la CoFin, ont concerné les manifestations jeunesse et celles de cohésion sociale. Le premier maintient le budget des manifestations jeunesse au niveau de 2024, soit 48’000 francs (une réduction par rapport à la proposition initiale de 74’000 francs), impactant des événements comme l’Apéro Beach. Le second réduit de moitié le budget des manifestations de cohésion sociale, également aligné sur le niveau 2024, soit 40’000 francs sur les 80’000 initialement proposés. Jean-François Chapuisat a déploré ces décisions, affirmant : « Avec cet amendement, nous allons clairement dire adieu à la Fête d’Halloween et aux Toiles à Bochat ». Malgré les critiques, ces amendements ont été acceptés par le quorum.
Des défis structurels
Le budget met également en lumière les défis structurels de Lutry, notamment la hausse des charges liées à l’accueil préscolaire et parascolaire (+4 %, soit 1,3 million) et une baisse des recettes fiscales des entreprises (-1,7 million). Etienne Blanc, municipal, n’exclut pas une hausse d’impôts à moyen terme : « Nous avons atteint les limites des économies possibles sans compromettre les prestations publiques. »
Le conseiller des Verts, Killian Duggan, s’inquiète pour l’avenir : « Nous devons pérenniser les recettes fiscales pour éviter de faire porter aux générations futures les décisions que nous prenons aujourd’hui. » Malgré ces ajustements, le budget 2025 a été accepté par une large majorité.
Rénover et agrandir un pavillon scolaire pour près de 10 millions
La population de Lutry continue de croître, et les infra-structures scolaires existantes sont devenues insuffisantes. En 2024, le bureau d’étude Microgis SA a été mandaté pour analyser l’évolution démographique et les besoins scolaires de la commune. L’étude confirme une croissance soutenue des effectifs dans le primaire à court et moyen terme, avec une prévision de 830 à 920 élèves d’ici 2030, nécessitant l’ajout de 6 à 11 classes supplémentaires.
Face à cette situation, la Municipalité de Lutry, en concertation avec le directeur de l’Etablissement primaire et secondaire, a retenu le site du Grand-Pont pour accueillir rapidement de nouvelles classes. La solution choisie est la rénovation et l’agrandissement du pavillon sud du collège, qui sera condamné le temps des travaux. Pour la rentrée 2025, un pavillon provisoire sera installé pour relocaliser les classes et répondre aux besoins additionnels. Le préavis présenté demande un crédit de 9’980’000 francs pour la rénovation et l’agrandissement du pavillon sud, la location du pavillon provisoire, ainsi que la réfection des aménagements extérieurs autour du collège. Ce projet vise à garantir que la commune puisse répondre aux exigences légales concernant l’accueil des élèves dès août 2025.
Les charges financières annuelles liées à l’amortissement et aux intérêts seront de 333’000 francs pour l’amortissement annuel, qui représente 1/30e de 9’980’000 et de 75’000 francs pour les intérêts, calculés au taux moyen de 1,5 %. En conséquence, les charges financières annuelles totales s’élèveront à 408’000 francs. Un projet qui interpelle Guy Wolfensberger, l’élu questionne la Municipalité sur les conséquences en cas de refus de ce préavis. L’exécutif s’appuie sur l’étude sur le développement démographique et affirme que les futurs élèves ne pourront pas être enclassés à Lutry. Le bémol, c’est qu’il s’agit d’une obligation pour chaque commune d’assurer l’écolage des enfants. Pour le conseiller communal, il serait plus prudent de venir comme c’est habituellement le cas, avec un crédit d’étude avant un crédit d’investissement. « Ici, on nous demande de nous prononcer sur les deux d’un coup ». Il propose un amendement qui sera refusé quelques minutes plus tard, notamment au vu de l’urgence de rénover ce pavillon scolaire. Le préavis est quant à lui accepté à une large majorité.
