L’hypocrisie est rentable
C’est dans un communiqué succinct que Coop a annoncé ce lundi la poursuite de la croissance de son chiffre d’affaires en 2024, mais au ralenti par rapport à 2023. De son côté le directeur général du concurrent Migros a aussitôt emboité le pas en minorisant humblement et comme il se doit sa propre progression. La cession de ses filiales spécialisées Melectronics ou SportX n’aura servi que de hors d’œuvre à la vente courant janvier ou février de Hotelplan.
Les licenciements sont naturellement considérés comme des dégâts collatéraux et nécessaires à la bonne marche du détaillant, bien sûr. En 2023, le chiffre d’affaires se situait à 32 milliards, mais le directeur général Mario Irminger s’attend tout de même à des résultats « aussi bons, voire meilleurs » en 2024. Une singulière et paradoxale manière de fêter les 100 ans du détaillant cette année. Saluons ici sa volonté (?) de transparence.
On ne peut s’empêcher de penser à la révolte agricole et le combat – toujours en cours – avec les géants orange avec pour seul résultat une hausse de 1 centime sur leur production.
Puisque nous en sommes au secteur primaire, souvenons-nous aussi des accords et des prises de positions sur le Mercosur. Qu’il soit question d’agriculture ou de viticulture, malgré les slogans « achetez local » ou la mise en avant du « circuit court », la vente du secteur primaire suisse au plus offrant est bien en cours.
Pour Berne, la culture de la terre n’est plus une priorité, pas plus que ne l’est son usage. La vente de sites de montagne tels Andermatt ou Crans Montana à un géant du tourisme le confirme. Le culte de la carte postale est érigé en modèle par nos édiles. Même le savoir-faire industriel de Vetropack ne trouve pas sa grâce.
Un pays de services, dépourvu de production propre et de savoir-faire semble être la destinée nationale choisie par nos décideurs bernois. Sans le courage liant la parole aux actes, l’hypocrisie est patente, pragmatique et rentable… pour un temps.
Une seule question : combien ?