Les quilles : un jeu qui était une passion lyrique jusqu’au siècle passé
L’histoire légendaire de Guillaume Tell nous laisse penser que le célèbre héros en dehors du jeu de l’arc, devait connaître les ficelles dans celui des quilles dont la précision des jets de boules était, certes, moins impressionnante. Les quilles sont des pièces de bois cylindriques posées verticalement sur la terre battue ou des planches ou encore de l’asphalte, à une certaine distance pour les abattre au moyen d’une boule lancée à la main.
| Le jeu de quilles en Suisse est excessivement ancien. Il a subi semble-t-il l’influence allemande et, particulièrement, celle de Martin Luther, si l’on en juge par l’interdiction de ce jeu pendant les offices religieux rendue officielle dès 1605, ainsi que l’utilisation des quilles dont les têtes, taillées en forme de figures humaines, portaient les noms de « non-croyants ». Ces quilles étaient inspirées des babouins des églises de l’époque et relevaient d’un art à travers lequel se lisait l’humour du sculpteur.
Le jeu, qui était fort longtemps de 5 quilles, s’est instauré à 9 quilles le 23 mai 1926. Les boules, sphères imparfaites, étaient jetées sur terre battue et non roulées. La forme et la dimension des quillles variaient d’une région à l’autre. Par leur assiduité au jeu, les moines de l’époque témoignaient une double ferveur. Ils jouaient comme les Bâlois en 1514, sur la glace du Rhin, encombrés de leur lourde robe de bure. Charles V de France avait interdit ce jeu de 1337 à 1369, sous peine de mort. Le 18e siècle vit toutes les classes de la société s’adonner au jeu de quilles. Même le divin Mozart l’honorait avec plaisir. Entre les deux guerres, le relevage des quilles est devenu automatique et libéra le côté ingrat du jeu.
Il est même devenu un sport de compétition
La section suisse « Asphalte » qui avait été créée pour pouvoir accéder aux championnats mondiaux est restée fidèle au normes du quillage d’autrefois, sur des pistes parfois abritées. Et comme des joueurs suisses étaient tentés par la compétition, une installation adéquate sise à Berne, leur a permis de s’entraîner au quillage sur des pistes dites « internationales ». Cette section comptait à cette époque une centaine de membres très motivés. Le premier match triangulaire Suisse, Alsace, Bourgogne, fut disputé en août 1959 à Berne et Lucerne. Le match retour l’année suivante à Dijon. En 1978, les quilleurs suisses oganisaient les championnats du monde de la section Asphalte au palais de Lucerne.
L’ Association sportive suisse des quilleurs est devenue une Fédération nationale en 1931 et elle était membre de l’Association nationale d’éducation physique et des sports, du fait que le jeu de quilles est considéré comme un sport et un loisir. En 1981, il existait 40 sections dans notre pays qui totalisaient un effectif de près de 10’000 membres licenciés, lesquels pratiquaient le jeu sur Asphalte.
Quant à la Fédération suisse de quilles sur planche qui comptait 1600 membres, a été fondée le 23 juin 1966 à Lausanne en accord avec les quatre cantons romands: la Fédération vaudoise a été créée en 1935, 780 membres; celle de Genève en 1930, 350 membres; la Fribourgeoise en 1964, 220 membres; celle du Valais en 1950, 200 membres. Cette Fédération nationale avait son siège social à La Taverne Bernoise, 20, rue St-Martin, à Lausanne. Ce jeu avait donc acquis des lettres de noblesse.
Nous ignorons si la compétition des quilles existe toujours et si des associations sont encore vivantes en Suisse romande, peut-être qu’un lecteur de ce journal pourra nous renseigner.