Les jeunes prennent la parole au Grand Conseil
Pendant deux jours, des 14 – 20 ans de tout le canton se sont glissés dans la peau des députés au sein du Grand Conseil vaudois. Une expérience immersive qui leur permet de comprendre le fonctionnement politique et de faire entendre leur voix sur des enjeux qui les concernent.

l’alimentation, la santé, le logement et la lutte contre le harcèlement
Ce week-end, près de 80 jeunes Vaudois se sont réunis au Grand Conseil pour jouer le rôle de députés et débattre des grands enjeux de leur génération. Organisée en deux temps, cette cinquième session cantonale des jeunes a débuté samedi 15 mars à la Haute Ecole Pédagogique (HEP), où les participants ont travaillé en atelier sur les thématiques qui seront défendues en plénière le lendemain au Parlement cantonal. Les discussions ont porté sur l’amélioration des pratiques alimentaires chez les jeunes, l’accès aux soins de santé pour les 18-25 ans, la pénurie de logements et les mesures à mettre en place pour lutter contre le harcèlement sous toutes ses formes.
Un exercice qui porte ses fruits
Ces débats ne restent pas lettre morte. « Lors de la session 2023, une proposition pour un programme de prévention sur la santé mentale avait été transmise au Grand Conseil. Même si ce texte a été refusé par quelques voix dernièrement, voir nos idées influencer les décisions politiques est une vraie motivation », confie Evan Steiner, 17 ans, habitant de Pully et membre de la Commission de jeunes depuis 2023. Cette année encore, les participants espèrent voir leurs propositions être reprises par des députés et intégrées aux discussions parlementaires officielles.
Créée en 2011, la Commission de jeunes du canton de Vaud (CdJ-Vaud) est composée de 30 membres âgés de 14 à 20 ans, issus de toutes les régions du canton. Leur mission est de se prononcer sur les projets de loi impactant la jeunesse et de formuler des propositions aux autorités cantonales.
Mieux manger pour mieux vivre
L’un des dossiers débattus concerne l’alimentation des jeunes. Aujourd’hui, seulement 15 % des 15-24 ans atteignent la recommandation d’au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, tandis que chaque habitant gaspille en moyenne 330 kg de nourriture par an. Pour y remédier, une commission propose d’introduire des cours de cuisine facultatifs dès la 7e Harmos. « Ces cours, hors des horaires scolaires, permettraient d’encourager une alimentation plus équilibrée et durable », défend la rapporteuse de la commission. Cependant, leur faisabilité est questionnée face aux emplois du temps déjà chargés des élèves.
Autre préoccupation : le système de santé. En Suisse, 35 % des jeunes de 18 à 34 ans ont renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des 12 derniers mois. En 2022, 22 % des jeunes de 18 ans se déclaraient en mauvaise ou moyenne santé. Pour améliorer l’accès aux soins, une proposition vise la création de maisons de santé régionales dédiées aux 18-25 ans, fonctionnant sur un modèle ambulatoire. Ces structures accueilleraient médecins généralistes, psychologues et gynécologues, garantissant une prise en charge adaptée et accessible.
Un logement toujours plus difficile à trouver
La pénurie de logements est une réalité bien connue des Vaudois, et les jeunes ne sont pas épargnés. Actuellement, le taux de vacance (logements disponibles) dans le canton est inférieur à 1,5 %, atteignant même 0,96 % en 2023. « Pour atteindre un taux de 1,5 %, il faudrait construire environ 2300 logements supplémentaires », ont précisé les deux rapporteuses de la commission chargée d’étudier ce dossier. Leur proposition : élargir l’accès aux logements pour étudiants aux apprentis, aux personnes en réinsertion ou en situation de précarité. Le tout, en tenant compte de l’accessibilité de chacun.
Enfin, la question du harcèlement a également été abordée. Un fléau qui touche toutes les sphères de la société, de l’école au travail en passant par l’espace public. Depuis une année, 13 % des jeunes de 15 ans déclarent avoir été victimes d’intimidation par leurs pairs au moins une fois par semaine. Plus alarmant encore, 86 % des jeunes filles de 18 ans rapportent avoir subi au moins un acte de harcèlement sexuel au cours des 12 derniers mois. Pour y remédier, la commission propose plusieurs mesures de prévention dès l’école obligatoire et un renforcement des dispositifs de protection pour les jeunes.
Un engagement qui pourrait aller plus loin
Au-delà de cette session, de nombreux participants souhaitent poursuivre leur engagement politique. Evan Steiner, qui a grandi dans une famille sensible aux enjeux publics, se projette déjà : « Dès que je le pourrai, je voterai à chaque votation et peut-être, un jour, je m’investirai dans un législatif communal ». Sur un plan plus personnel, il soutient l’abaissement du droit de vote à 16 ans, une position distincte de celle du Grand Conseil qui s’y est opposé par le passé. « Je pense que cela pourrait être une très bonne idée, mais il faudrait un encadrement plus poussé. Par exemple, vulgariser davantage les procédures démocratiques à l’école pour que les jeunes comprennent vraiment les enjeux et exercent leur droit de manière éclairée », plaide-t-il .