Les figures de style de l’Oxymore
Présentation de la seconde partie de saison du Théâtre de l’Oxymore, à Cully
On a un bien joli canton: des veaux, des vaches, des moutons, et que de théâtres ! D’Aigle à Payerne, d’Yverdon à Nyon, de Terre-Sainte à Mézières, nombreux sont ces lieux d’évasion qui offrent autant de programmes. Au milieu des grandes institutions théâtrales dont le nom est connu de tous, il reste néanmoins de petites salles cachées, dont on ne soupçonne-rait même pas l’existence avant d’y avoir mis les pieds. Le Théâtre de l’Oxymore à Cully est de celles-là, discrètement lotie sous une maison vigneronne. A la veille de la reprise de sa saison, nous y avons rencontré la comédienne et metteure en scène Nathalie Pfeiffer, responsable de ce lieu au charme tout particulier.
En poussant la porte de ce lieu inédit, se dégage immédiatement une humanité époustouflante. Loin du faste aseptisé de certaines grandes salles de théâtre, dont l’âme a bien souvent été corrompue par des besoins logistiques et/ou financiers, cet ancien caveau culliéran réaménagé pour la scène offre une personnalité toute particulière. Nous y sommes accueillis dans un foyer aux mille couleurs, meublé et décoré de bric et de broc, avec, selon les aveux-même de Nathalie Pfeiffer, nombre d’objets offerts, trouvés, recyclés ou chinés. Un peu plus loin, la salle, petit espace d’une cinquantaine de places, annonce la couleur : nulle distance de sécurité entre les acteurs et leur public. Ici, on favorise une forme d’intimité entre ceux qui font le spectacle et ceux qui le regardent. Les loges, simples paravents dressés à quelques mètres du bar, témoignent tout à la fois de cet artisanat et de cette frontière abattue entre spectateurs et les artistes.
C’est donc dans ce lieu que commencera, dès la mi-février et jusqu’à la mi-mai, une seconde partie de saison qui mettra l’éclectisme en point d’honneur. Danse, théâtre, musique, contes, l’Oxymore aura à cœur d’ouvrir ses portes à des publics aussi divers que variés.
Tout commencera le week-end des 18-19 février avec la prestation du groupe de musique sud-italienne Fronda, qui présentera son tout premier spectacle Majarie Méditerranée, récit de pérégrinations sur les côtes italiennes rythmées de mélodies du cru. Puis, ce seront, le 26 février et le 1er mars, deux après-midis contées, animées par Nathalie Pfeiffer, basées sur les écrits d’Henri Pourrat, collecteur et transcripteur des récits de tradition orale des cam-pagnes françaises.
Un parfum d’Andalousie soufflera les 3 et 4 mars en terre de Lavaux puisque le groupe de flamenco Hechizo, fort de ses trois musiciens, de sa chanteuse et de ses trois danseuses, y donneront un récital Furia y Caracter. Dans un autre style, peu avant le début du Cully Jazz Festival, Malax, quintet à corde de jazz oriental, viendra présenter, du 24 au 26 mars, son nouveau projet On a marché sur la Dune, concert habillé de vidéos expérimentales.
Là où les portes de bien d’autres théâtres se ferment à la vue de productions amateures, celles de l’Oxymore resteront grandes ouvertes pour accueillir l’Atelier du Théâtre TJP qui donnera du 10 au 12 mars trois représentations de Venez donc dîner ce soir, comédie familiale contemporaine, mâtinée d’une bonne dose de quiproquos. Dans le même ordre d’idée, ce seront les expérimentés Snooks, autre groupe amateur, basé à Blonay-Saint-Légier, qui viendront clore la saison, du 12 au 14 mai, avec Mon Isménie et Les Deux Timides, deux pièces courtes d’Eugène Labiche, figure tutélaire de la comédie de boulevard.
Enfin, autre parent pauvre de la production spectatorielle, le théâtre jeune public aura également droit à sa part du gâteau puisque la Compagnie BàZ, spécialiste du genre, proposera, les 1er et 2 avril, Trop fort-e-s, récit initiatique sur le courage et le désir de grandir écrit par Isabelle Marchand.
Autant d’occasions de venir découvrir un lieu comme on en fait encore trop peu. Un lieu qui place la magie de l’acte théâtral avant les nécessités de faire vendre. Un lieu surtout, qui souhaite montrer que le théâtre est et doit rester à tous et pour tous, de façon à ce que cha-cun puisse y trouver une part d’éveil à l’autre.