Le monde est bien fait
A l’heure où les grandes puissances s’affirment à l’envi, prenant la parole les unes contre les autres à grands renforts de déclarations officielles suivies de réactions outrées accompagnées de menaces à peine voilées, que la grandeur de notre monde immédiat devient toute relative. Nous apprenons à situer les frontières des uns, tout en situant les autres sur un globe bleu comme une orange. Les quartiers ne sont pas encore établis, mais l’ont-ils jamais été ?
Aussi vrai que l’histoire de l’Humanité est moins faite d’humanité que d’hégémonies larvées, il est indéniable que l’histoire enseignée à nos têtes blondes est surtout celle des empires et de leurs conquêtes… et cela, même si quelques siècles plus tard, la brute présente ses excuses à grands renforts de fanfare, de drapeaux et de protocoles. Pensant ainsi pouvoir se dédouaner et passer à la bataille suivante.
Dans notre pays, nous regardons passer cela avec cette distance convenable qui sied à l’image du pays des bons offices et du bon sens. La question de la neutralité est effleurée comme il se doit, avec doigté et fermeté : les usines d’armement fournissent des emplois conséquents et contribuent activement au bien-être national… depuis les années 1930. Elles doivent donc être respectées. La pérennité de ces entreprises ne saurait être mise en cause, d’autant que les règles d’utilisation du matériel sont fournies avec. Ne dit-on pas outre-Atlantique que ce ne sont pas les armes qui tuent ?
Il n’y a par conséquent aucun problème chez nous. Même le « terroriste » de Berne a eu la politesse de venir non armé et de laisser nos édiles sortir un à un par le tourniquet d’entrée du Palais fédéral.
Tout va bien ma bonne dame. Peut-être aurons-nous prochainement la visite appuyée d’un conquérant russe, ou l’obligation de nous plier à une économie chinoise brutale, mais nous qui aimons tant visiter d’autres cultures lors de nos séjours à l’étranger, pourquoi ne pas nous installer en vacances permanentes. Le monde est bien fait tout de même…