L’école primaire d’une époque
Gérard Bourquenoud | Tous ceux et celles qui ont en tête l’image d’une école moderne de ville ne peuvent s’empêcher d’éprouver, à la vue de cette photo qui date des années 1930 à 1950, un sentiment de dénuement. Seule l’enseignante en tablier blanc rectifie cette première impression. Avec un sol recouvert de larges planches de bois dont le niveau laissait à désirer et que les pupitres étaient en fer forgé, cette salle de classe n’était pas très confortable pour les élèves. Il faut le reconnaître. Personnellement, j’ai accompli toute mon école primaire avec des pupitres de ce genre, mais qui étaient par contre tout en bois. Je me souviens aussi que des fils de paysans qui, à l’âge de quinze ans, avaient déjà le physique d’un homme, n’arrivaient pas à s’asseoir au pupitre du fait que l’espace était trop étroit. Le régent qui avait plus de 70 élèves sous sa responsabilité, était quotidiennement confronté à des problèmes de confort et de mobilier. L’école à la campagne et à la montagne devait à cette époque apprendre aux enfants à s’insérer dans un contexte cosmopolite, les préparer à aimer la patrie et à lui demeurer fidèle. Cette dernière éventualité consistait à les éduquer dans l’esprit à devenir un citoyen digne du symbole exprimé par le drapeau suisse.