Le Zibelemärit déclencheur de la Foire aux oignons d’Oron
Gil. Colliard | Dans son charmant appartement, au Bourg, à Oron-la-Ville, où sont assemblés de multiples témoignages de la vie passée de la région d’Oron, François Jan m’accorde quelques instants sympathiques pour nous faire part de l’histoire de la Foire aux oignons d’Oron. Né en 1932, dans la maison où il m’accueille, issu d’une ancienne famille bourgeoise de Châtillens, devenue d’Oron, commerçant retraité bien connu de la place, il est l’une des mémoires vivantes de notre région qui partage avec générosité cet autrefois que furent ses jeunes années.
Une décade pour que la Foire aux oignons s’enracine
Tout a commencé, il y a quarante et un an, lorsque mon hôte et son épouse se rendent au «Zibelemärit» (le marché aux oignons) à Berne. Sur le chemin du retour, une idée peu à peu s’impose: «et si on créait une Foire aux oignons à Oron?». En tant que commerçant et faisant partie de la Société de développement, il était alors à la recherche d’un concept pour organiser une manifestation festive à Oron-la-Ville. En une année, l’idée prit forme. Ainsi à l’automne suivant, le programme débuta le vendredi soir dans le sous-sol de la maison de la Condémine où des artistes oronais donnèrent un concert de jazz agrémenté d’un repas fait d’huîtres. «Lors d’une de ces soirées, nous en avions ouvert jusqu’à 1700 pièces» rapporte François Jan. Le samedi fut dédié à la Foire aux oignons. Les premières éditions, modestes, se tinrent autour de l’arbre de la Liberté. Des agriculteurs contactés pour préparer des chaînes d’oignons, les proposaient sur des chars décorés. «Sur un banc Yami (la grand-maman Platel) vendait ses pommes-de-terre à raclette» se souvient avec émotion notre conteur qui se rappelle également que lors d’une des premières éditions, la Foire coïncida avec la désalpe de la famille Ramseyer, occasionnant un défilé dans Oron, de la route de Palézieux à la place de la Foire où se mêlèrent vaches et oignons. Il fallut tenir bon une bonne dizaine d’années, malgré les avis mitigés, pour voir évoluer cette rencontre devenue aujourd’hui populaire.
Une grande foire organisée aux petits oignons
Alors qu’à la même période, le concert de jazz cessait, n’ayant plus de locaux, la Foire prit de l’ampleur. Les chaînes confectionnées par les gens du cru, furent remplacées par celles, bien plus nombreuses, issues du Vully. Petit à petit des bancs de fromages, de boulangerie avec les tartes à l’oignon se sont ajoutés. La dégustation des huîtres à rejoint la Foire et est restée un des moments phare de la manifestation. Puis, les pêcheurs ont investi la fontaine, des attractions pour les enfants ont vu le jour, le petit train de Rathvel a sillonné la localité. Un sanglier à la broche proposé par Alain Perusset et les chasseurs est venu régaler les amateurs, de même que la soupe aux oignons du Kiwanis, initiée par Charly Currat. «Une attraction faite d’un bob sur roulettes qui descendaient depuis l’église à même été organisée une année» se remémore le fondateur. Figure emblématique, le Messager Boiteux, sillonne toujours entre les bancs pour vendre son fameux almanach, sans oublier la Fanfare d’Oron qui, fidèle dès le départ, a offert son concert.
Aujourd’hui, la Société des commerçants et artisans d’Oron organise la 40e édition de cette foire qui s’est considérablement étoffée et qui attire une foule nombreuse. François Jan se réjouit comme à chaque année de voir renaître, sous ses fenêtres, la Foire aux oignons d’Oron. Si un seul souhait pourrait le combler totalement, ce serait de voir tourner, à cette occasion, un beau manège de bois pour les enfants.