Le vin bio de passage sur les hauteurs de la Croix-sur-Lutry

Le rendez-vous était aussi l’occasion de découvrir des mets typiques et dans le même esprit que les vins bio

Viticulteur bio, Gérald Vallélian est également syndic du village de Saint-Saphorin. Les œuvres du peintre Amiguet coïncident avec l’interview
Thomas Cramatte | A l’occasion du cinquième salon du Lavaux Vin Bio, nous avons rencontré l’un de ses organisateurs et producteurs. Installé à Saint-Saphorin et responsable du domaine des Faverges, Gérald Vallélian détaille le rendez-vous annuel et la viticulture biologique, interview.
Le Courrier : Comment est né le salon du Lavaux Vin Bio ?
Gérald Vallélian : Il y a cinq ans, nous nous sommes retrouvés avec six autres producteurs certifiés bio afin de créer l’association Lavaux Vin Bio. L’objectif était de partager nos expériences et de proposer des actions de marketing pour faire découvrir nos vins. Lors de la Fête des vignerons en 2019, nous avons marqué les esprits en prenant possession du cinéma Rex de Vevey. L’objectif était de transformer ce lieu en restaurant en même temps qu’un film dédié aux vins bio à Lavaux était diffusé.
Le Courrier : Le nombre de viticulteurs certifiés bio à Lavaux est-il en augmentation ?
Gérald Vallélian : Pour ce cinquième salon, nous sommes sept. Mais nous dénombrons onze producteurs certifiés ou en reconversion bio, deux sont en attente de certification. Nous sommes avant tout une bande de copains au sein de l’association, peut-être que nous devrions revoir notre formule si le mouvement prend plus d’ampleur. L’idée de base est de présenter nos vins et de faire découvrir notre manière de voir la viticulture. La nourriture qui accompagne nos manifestations suit la même logique, car elle respecte le cahier des charges de la culture biologique.
Le Courrier : Quelle est la procédure pour obtenir la certification bio dans la viticulture ?
Gérald Vallélian : Le cahier des charges biologiques doit être respecté durant deux ans dans les cultures avant de pouvoir être certifié bio. On estime que ce laps de temps est nécessaire pour purifier les sols et s’adapter aux méthodes de travail. La viticulture biologique est la dernière étape d’un long parcours, les producteurs effectuant une reconversion ont déjà une bonne maîtrise des techniques sans herbicide. Les vignes bio exigent une plus grande attention et une réflexion différente. Ce que nous appelons communément mauvaises herbes est par exemple une source d’information précieuse sur l’état des parcelles viticoles. La gestion des sols est la base de la viticulture biologique. Dans tous les cas, les vins bio ont une expression du terroir et une minéralisation plus importantes.
Le Courrier : Quels sont les désavantages de la viticulture biologique pour vous ?
Gérald Vallélian : Il ne faut pas cacher le risque d’avoir des vignes en concurrence avec d’autres végétaux. Nous devons avoir une ouverture d’esprit différente lors d’une reconversion en bio. Quand j’ai franchi le cap, il y a une dizaine d’années, j’avais plus de contacts en France que sur le territoire helvétique. J’ai alors découvert des vins différents et des méthodes de vinifications basées sur ce que nous propose le raisin.
Le Courrier : On connaît une crise des vins suisses due à l’importation massive de produits étrangers, comment les producteurs bio vivent-ils ces temps difficiles ?
Gérald Vallélian : La grande distribution envahit ses rayons de vins bio d’Amérique du Sud, d’Espagne, de France ou d’ailleurs. L’offre et la demande dictent leur loi dans la viticulture comme dans la plupart des marchés. Je pense que nous sommes presque tous dans le même bateau, et que si, actuellement, il y a un intérêt pour la viticulture bio, cela réside dans le fait que nous ne sommes pas très nombreux. Le jour où il y a de grands producteurs en bio, l’intérêt va se diluer. L’aspect commercial n’a jamais été un prétexte pour les viticulteurs de notre association. Si le bio peut faire partie d’une tendance ou d’une prise de conscience, ses consommateurs font également attention à leur santé. Le vin n’étant pas forcément synonyme de vitalité, ces clients en consomment moins. Bio ou pas, pour soutenir les viticulteurs à Lavaux, le meilleur moyen est de leur acheter du vin.

Le Trio des Trois Jean était présents. Les musiciens n’avaient pas rejoué en public depuis qu’ils avaient ouvert le tableau du Rang des vaches lors de la dernière Fête des Vignerons