Le vélo, la colline et la Suisse
La Suisse. Pays de randonneurs, d’automobilistes et de férus du rail. Une population hypermobile qui adore construire (et entretenir!) des infrastructures. Surtout quand il s’agit de construire des tunnels!
Nous oublions généralement un autre mode de déplacement qui satisfait l’appétit de mobilité des suisses: le vélo. Cela fait 20 ans qu’un réseau officiel de pistes cyclables relie toute la Suisse, et ce réseau n’a cessé de se développer depuis lors. Nous sommes de plus en plus un pays de cyclistes. Actuellement, l’art. 88 de la Constitution fédérale élève au rang constitutionnel les chemins et sentiers pédestres. En votant OUI au contre-projet du Conseil fédéral, nous ajoutons à notre Constitution le concept des voies cyclables. Un ajout pour satisfaire le besoin de mobilité de la population tout en réduisant les nuisances du trafic.
L’automobile et le vélo
L’automobile paraît de plus en plus comme un moyen de transport utilisé à contrecœur. Elle perd petit à petit sa symbolique du ticket de liberté. Avec l’intention d’accélérer le destin de l’automobile (ou de le stopper), des initiatives pour les transports publics ou pour les vélos (ou pour les voitures) ont fleuri depuis plusieurs années déjà. Mais nous sommes bien éloignés des Pays-Bas des années 70, où des manifestations violentes dans la rue demandant… des pistes cyclables. A chaque pays sa culture. On pourra dire que les Hollandais auront été plus efficaces que nous. La Suisse, elle, a un peu trop de collines dans son paysage, réduisant ainsi son amour du vélo. C’est un cas où la topographie influence la culture: «La nature propose et l’humain dispose». Mais malgré cet obstacle topographico-culturel, saluons la démarche favorisant une alternative à l’automobile. Certes, l’automobile est de plus en plus propre et elle sera (espérons!) de moins en moins une torture pour nos poumons, mais, en même temps, elle est de plus en plus une torture pour notre orientation: elle péjore nos milieux de vie, en particulier les centres de nos villes, de nos villages, et elle dissuade les piétons de monter sur sur leur vélo. Ces derniers s’achètent donc une bagnole. Actuellement, nous ne possédons pas encore une alternative équivalente à l’automobile qui soit assez viable pour sortir et rentrer librement des localités. Mais si toutefois, grâce à une voie cyclable, nous pouvons sortir à vélo sans nous retrouver à côté d’un camion roulant à 60km/h, ce sera bienvenu. Cela permettra de valoriser le vélo en ville et les accès aux villages, augmentant ainsi leur attractivité. C’est donc OUI au contre-projet du Conseil fédéral.
Tobias Imobersteg, Chexbres