Le silence des affaires
Le mutisme dans lequel se retranchent les autorités suisses à l’heure du trop-plein d’un Netanyahou dont on aurait lâché la bride serait-il l’aveu de business en cours… ?
En négociation, la discrétion est une qualité très appréciée. Ce terme résonne fort en Suisse où il accompagne le calme de nos villages. Il est aussi le qualificatif le plus répandu autour du globe lorsqu’il s’agit de mentionner une des qualités nationales les plus prégnantes.
Dans son refus de dénoncer le blocus israélien aux côtés de 22 pays européens, la gêne du Conseil fédéral est visible et pousse même l’ancien président de la Confédération, Joseph Deiss, à afficher clairement sa honte sur l’antenne nationale à une heure de grande écoute. On le voit, ce silence va même jusqu’à briser la règle d’or des conseillers fédéraux, celle de « Servir et disparaître ».
Nos autorités auraient-elles appris le prix de son accompagnement des sanctions envers les Russes ?…
La Suisse, ce berceau de l’humanitaire qui a vu la naissance de la Croix Rouge, hôte de nombreuses organisations mondiales, a mal à sa neutralité. Ce n’est pas la première fois, mais les limites de cette position sont atteintes dans un monde politique qui a radicalement changé. Il n’est plus tenable pour le pays des bons offices de se placer en neutralité face à l’évidente disparition de la population de Gaza et l’impunité affichée du gouvernement israélien libéré.
Le « no comment » bernois ne reflète qu’une chose : une volonté de ménager la chèvre et le chou ou, plus clairement, l’humanitaire et les affaires, l’être et le paraître. Tentative pathétique et illusoire de pouvoir, encore une fois, gagner sur les deux tableaux en toute discrétion.