Le Pouvoir c’est d’abord vouloir
Etrange spectacle que celui de la course – si je puis dire – au Conseil fédéral. Le moins qu’on puisse dire est que la bousculade au portillon est inexistante. S’il s’agissait d’agir comme dans le secteur privé et de choisir un Grand Patron de banque, sans doute aurait-on déjà été chercher la perle à l’étranger…
Dans les pays voisins, on s’écharpe, on s’étrille et les dépenses astronomiques pour se faire élire atteignent les limites de la conscience que la Justice même ne parvient pas à percer des années plus tard.
Ici, non point.
Dans ce pays bonhomme, on peut lire dans la presse « l’absence d’envie d’avoir envie » concédé par Isabelle Chassot, que cela pourrait bousculer le « plan de vie » du Saint-gallois Benedikt Würth et, même le président du Centre Gerhard Pfister, pourtant papable en chef, pratique allègrement la retirette en argumentant qu’il ne serait « pas un conseiller fédéral heureux » …
« Qui n’en veut ? ». Il n’y a qu’en Suisse que le pouvoir suprême ne séduit pas. On pourrait être tenté de comprendre la charge de la fonction : qui souhaiterait être le Grand Sachem du paradis ?
Le poids du bonheur. Dans un pays heureux par essence, situé au cœur du marché commun européen et marchandant sa souveraineté depuis des lustres, l’ambition est la dernière qualité recherchée. Pour vivre heureux, vivons cachés, sans responsabilités, mais pas sans moyens.
Le poste de « faiseur de majorité » ne séduit plus. Le Centre aligne toutefois, ce lundi et au forceps, deux candidats : Ritter et Pfister (pas lui, l’autre). L’abysse entre vie privée et vie professionnelle semble être devenu le juge de paix en politique suisse.