Lavaux – La situation financière du Vinorama fait l’objet de spéculations
Après deux exercices difficiles en 2022 et 2023, l’établissement des vins de Lavaux se remet gentiment sur les rails. Une demande de recapitalisation a été faite dans la région. Mais sa gestion financière soulève quelques questions. Le Courrier a mené l’enquête.

Le Vinorama est-il au bord de la faillite ? C’est ce que laisse entendre une rumeur qui circule actuellement dans le vignoble de Lavaux. Lundi 17 mars, c’est au Conseil communal de Saint-Saphorin que la question a été abordée. A la prise de parole d’un conseiller, qui demandait pourquoi la commune avait « arrêté de financer le Vinorama », le syndic a laissé entendre que la situation financière de ce centre dédié à la découverte des vins de Lavaux, à Rivaz, n’était plus sous contrôle.
Petit retour en arrière. En 2020, le Vinorama, incontournable lieu de pèlerinage touristique, est frappé de plein fouet par le Covid. Un prêt de 100’000 francs lui est accordé par la Confédération, comme à de nombreuses autres entreprises et corps de métier. Un prêt à rembourser d’ici au printemps 2028, à raison de 17’000 par année. Seulement voilà, ces remboursements obligatoires mettent le Vinorama en difficulté. Les comptes 2022 et 2023 sont négatifs. Une situation d’autant plus problématique que dans une société anonyme telle que le Vinorama, si le déficit représente plus de la moitié du capital, des sanctions peuvent être prises par le canton.
La visite d’un consultant est alors prévue, quelqu’un qui connaît bien le monde de la restauration pour avoir travaillé avec de nombreux restaurants et auberges. Plusieurs mesures sont prises : les horaires du personnel sont réduits en hiver, une meilleure gestion des effectifs en été, et des alternatives moins chères sont trouvées pour certaines fournitures. Et en août 2024, des demandes de recapitalisation sont envoyées à toutes les communautés concernées par la vigne et le vin de Lavaux. Pierre Monachon, président du conseil d’administration de Lavaux Vinorama, nous explique : « Nous avons des promesses de recapitalisation pour plus de 50’000 francs qui nous permettraient de combler les pertes des années 2022 et 2023. » Mais nombre de communes, qui ont reçu la demande, ne sont pas encore positionnées à l’heure de l’écriture de ces lignes, car elles attendent les résultats des comptes 2024.

Dans l’attente des comptes
C’est le cas de Rivaz, par exemple, actuellement actionnaire majoritaire du Vinorama. « Le but pour Puidoux et Rivaz, c’est de remettre l’établissement dans les limites de la loi et de le préserver », explique Jean-François Pugin, syndic de Rivaz. « Le Vinorama, c’est important qu’il reste. Mais ça fait quelque temps qu’il nous a dit que le rapport était prêt mais on n’a toujours rien reçu. » Bourg-en-Lavaux, selon les dires de son municipal Jean-Rémy Gaillard, a déjà promis de faire partie des recapitalisations. « Nous avons repris une série de parts au mois d’août. On a besoin de structures comme ça pour recevoir les clients et être ouverts 7j/7, surtout à la belle saison. »
Ces comptes, selon le président du conseil d’administration, sont positifs. 25’000 francs de bénéfices ont été réalisés. La confirmation par écrit devrait parvenir aux actionnaires et au conseil d’administration dans les jours qui viennent. Il n’empêche que peu d’informations ont pu être recueillies sur la stratégie budgétaire. « Nous avons évidemment une stratégie financière, mais ça dépend du monde qui vient. Nous sommes une entreprise qui prend des risques. On est indépendant. La viticulture va très mal. Nous on fait de l’œnotourisme. On doit avoir du personnel qui parle au minimum trois langues, ça coûte cher, et puis il y a des périodes creuses. Vous pouvez discuter avec tous les restaurateurs de ce pays : trouver du personnel, c’est extrêmement compliqué. Donc le Vinorama a bien assez de charges de personnel par rapport aux chiffres d’affaires. »
Le budget 2025, demandé par Le Courrier au conseil d’administration, ne lui a pas été mis à disposition à temps pour la publication dans ses pages. Pierre Monachon affirme cependant compter sur un chiffre d’affaires de 900’000 francs et des charges de 870’000 francs.