Lavaux a-t-il besoin d’être sauvé? Témoignages
par Antonio Costa | Les Vaudois n’ont pas attendu Franz Weber pour protéger le vignoble. Pour s’en convaincre, il suffit de remonter aux années 1960, lorsque les autorités prennent des mesures concrètes pour lutter contre la spéculation immobilière en Lavaux. S’il va s’en dire que la première initiative a permis d’éviter de construire n’importe où dans les vignes, aujourd’hui, si cette troisième initiative passe, elle obligera les vignerons, dont leur activité est en constante évolution et qui devront agrandir, à construire sous terre avec un coût d’investissement exorbitant. Une situation impossible qui obligera la plupart des indépendants de la vigne à mettre la clef sous la porte.
Nous sommes allés à la rencontre de ceux qui font de Lavaux ce que Lavaux est aujourd’hui. Des gens qui vivent sur les terres de Lavaux et en vivent. Car il n’y a que ceux qui vivent et jouent à domicile pour pouvoir éclairer les habitants du canton sur les conséquences de leur choix lors des votations qui auront lieu le 18 mai.
Chardonne et Maurice Neyroud
Chardonne est l’une des treize communes du district de Riviera – Pays-d’Enhaut. Une commune qui coupe le canton de Vaud, par son territoire qui va de la frontière au milieu du lac Léman, entre Saint-Saphorin-Lavaux et Puidoux d’un côté, Corseaux, Corsier et Jongny de l’autre. Elle englobe tout le Mont-Pèlerin jusqu’aux confins des communes de Granges et d’Attalens en Veveyse fribourgeoise.
Maurice Neyroud, né en 1960, est vigneron encaveur à Chardonne. Il a repris le domaine de son père il y a maintenant plus de 25 ans. Les vins qu’il produit sont des grands crus Chardonne ou Saint-Saphorin. Père de quatre filles dont une qui va assurer sa relève à la fin de ses études d’ingénieur en œnologie, il a aussi été durant 25 ans municipal de Chardonne. Il est député au Grand Conseil et aussi président de la CIL, la commission intercommunale de Lavaux qui regroupe les dix communes. Il va s’en dire qu’il connaît Lavaux et les conséquences de la loi Weber. Les arguments et les informations avancés par les militants de Franz Weber sur les zones constructibles et à bâtir ne sont pas clairs et sont erronés, nous informe Maurice Neyroud qui a fait une étude minutieuse de sa région carte topographique à l’appui.
Pour lui comme pour tant d’autres, il est très clair que l’avenir de Lavaux est sombre si l’initiative passe. Si l’initiative passe, il n’y aura plus de permis de construire pendant les cinq années suivantes, en excluant les agrandissements et en préconisant les constructions futures sous terre. Il sera difficile pour un indépendant qui «survit» déjà d’obtenir les crédits nécessaires pour construire, acheter des machines et continuer son activité en toute sérénité. Lavaux est déjà un exemple pour les vignerons dans les techniques viticoles. L’initiative empêchera toute évolution des vignerons et de leur outil de travail menant ainsi à sa perte toute une région viticole et son patrimoine.
Informations :
www.non-a-linitiative-de-trop.ch
Réactions
Jean-Michel Conne, syndic et vigneron-encaveur à Chexbres
Non à une initiative de trop.
Non à une initiative excessive.
Non à vos propos mensongers.
Non à vos chiffres trompeurs.
Non à votre démagogie insoutenable.
Non, nous ne laisserons pas venir en ruines un vignoble universellement reconnu.
Non, nous ne voulons pas transmettre un patrimoine qui se vide de sa substance.
Non, nous ne déserterons pas nos bourgs, nos villages, nos hameaux.
Non, nous voulons et garderons un Lavaux vivant et entretenu depuis des générations et qui en a fait sa renommée.
Non, Lavaux ne se laissera pas mettre sous tutelle.
Non, nous garderons notre autonomie.
Weber – Blocher, même technique
par Jean-Daniel Badoux, Riex | Pourquoi la publicité est-elle si puissante? Parce qu’elle utilise des techniques bien rodées, étudiées et mises au point dans de très sérieuses études universitaires. D’abord, choisir un but précis, et ne se disperser dans aucune considération annexe, qui pourrait l’affaiblir. Se concentrer uniquement sur des arguments allant dans le sens recherché, surtout ne pas se risquer à une vue globale des choses, qui nuirait à l’impact voulu. On n’est pas là pour rechercher le meilleur équilibre, le seul but est de vendre son idée. Ne pas hésiter, pour améliorer l’impact, à utiliser des éléments allant dans le sens voulu, même s’ils ne sont pas absolument conformes à la réalité. Ajouter des arguments-choc, dont on est sûr qu’ils vont parler à l’émotion des votants, et leur faire oublier tout ce qui tourne autour. Voulez-vous sauver nos Alpes? Oui, bien sûr! Voulez-vous sauver Lavaux? Oui, évidemment. Acceptez-vous que d’infâmes investisseurs enlaidissent de superbes régions à leur seul profit? Non, jamais! Voulez-vous laisser agir les politiciens, tous véreux? Non, les communes ont trop de pouvoir! Utiliser des statistiques sur les mises à l’enquête à Lavaux, savamment sorties de leur contexte exact: «Je ne crois qu’aux chiffres que j’ai tripatouillé moi-même!» disait déjà Churchill. L’avocat L.F., dans 24H du 19 avril, affirme péremptoirement: «D’autres, dont je tairais le nom, sont des crétins bornés.» Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. On pouvait aussi publier, en son temps: «Malgré l’opposition farouche de Sauver-Lavaux, Riex a construit son parking souterrain». Or, l’opposition de l’association avait été dûment retirée, après négociations. Je le sais, j’y étais. De la pub, de la pub, vous dis-je. Ce qui doit subsister toujours, face aux messages sous lesquels nous croulons, c’est l’esprit critique, ainsi que la devise de mon épouse: «Confiance, mais vigilance!»