Lâcher crise
Un petit interlude, un instant de bonheur fugace, voilà la période dans laquelle nous vivons. Quelle joie que de retrouver les amis, les terrasses et la musique vivante. Quel plaisir que celui de flâner sur les quais en toute insouciance en se réjouissant des vacances. Les enfants terminent leur année tant bien que mal, certains auront eu droit à une « course d’école » improvisée, il est temps de partir en vacances. Le temps de l’évasion et de l’oubli est venu, on en oublierait presque le masque… Où partir ? Où aller pour recharger nos batteries ? Les destinations de rêve ne manquent pas, mais cette année est décidément différente. Il sera difficile de ne pas mettre dans les bagages la conscience de la pandémie. Il faudra prendre en compte les usages locaux si possible avant de quitter le pays sous peine de se retrouver arborant un masque sur une plage du sud sous une température étouffante pourtant recherchée. La recherche du dépaysement aura un prix cette année, au propre comme au figuré. L’habitude de considérer la distance comme une garantie de nouvelles sensations originales et exotiques prend un coup dans l’aile. L’avion en lui-même pose question, la conscience climatique n’est pas loin. On le voit, c’est cornélien. Pourtant les vacances sont bien là, il va falloir choisir… Il y a peut-être une solution, déjà préconisée par nombre d’agences de voyage, « Restons chez nous, partons ailleurs ! ». Pour certains urbains, l’Oberland bernois ou les Préalpes fribourgeoises, c’est déjà l’étranger. Que dire alors des villages grisons ou des vallées tessinoises, sans parler de l’« Urschweiz », cette « Suisse primitive » qui n’en garde que le nom, le dépaysement est garanti. Quant aux coûts, moins loin et plus cher devrait être équivalent à plus loin moins cher… Lâcher la crise – et lâcher prise – est une nécessité mais la destination est un choix.