La vengeance du pardon Eric-Emmanuel Schmitt – Editions Albin Michel
Milka | Encore un de mes rendez-vous préférés. Et je ne suis certainement pas la seule vu le succès de chaque livre d’Eric Emmanuel Schmitt. J’étais restée un peu mitigée sur le dernier où je trouvais qu’il parlait beaucoup de lui, c’est donc avec plaisir que je le retrouve quand il raconte des histoires. Quatre histoires. Toutes différentes, toutes surprenantes par leur dénouement. Du grand art! C’est agréable de voir qu’un auteur dont on a plus ou moins tout lu arrive encore à vous surprendre. Et c’est le cas dans ce livre. Il a choisi d’explorer les sentiments les plus noirs et les plus violents qui gouvernent notre existence. Comme l’envie, la jalousie, qui tournent à l’obsession dans cette première histoire, les sœurs Barbarin, dont les personnages principaux sont des jumelles. Puis Mademoiselle Butterfly. Une histoire impossible entre deux personnages que tout oppose, mais qui resteront liés par des liens parentaux jusqu’à l’ultime sacrifice. Une histoire surprenante et qui donne à réfléchir sur cette notion de sacrifice qui anime chaque parent une fois dans sa vie. Mais jusqu’où aller? Est-ce vraiment un acte d’amour ou une façon de se racheter et de se donner bonne conscience? La troisième, la vengeance du pardon, (celle que j’ai préférée) nous donne à réfléchir sur les actes les plus abjects. Est-on capable de pardonner? La vengeance du pardon, la pire des punitions n’est-elle pas de pardonner à quelqu’un qui n’a pas de remords? Une très belle manipulation en tous les cas, que je n’avais pas vu venir jusqu’aux dernière lignes! Puis la dernière, «Dessine-moi un avion», une rencontre entre un vieillard et une enfant, qui amènera un homme âgé à se poser de graves questions sur son passé et qui le poussera à un acte ultime pour réparer. Vraiment une très bonne lecture. L’auteur s’est déjà penché sur des nouvelles, avec brio, mais jamais à mon souvenir avec ce suspens psychologique qui fait qu’on ne peut poser son bouquin sans connaître le dénouement de chaque histoire. Et toutes ces nouvelles me rappellent une conférence d’Eric-Emmanuel Schmitt où on l’interrogeait sur le pardon. Il prit l’exemple de Bertrand Cantat, n’excusant en tout cas pas son geste, condamnant également la violence sur les femmes. Mais il souligna qu’aucun être ne peut être réduit à un seul de ses actes. A méditer. En librairie depuis quel-ques jours. Courrez l’acheter.