La tourbe : combustible du pauvre

Gérard Bourquenoud | La tourbe était exploitée au début du 20e siècle, à Guin, Corjolens, Lentigny, Le Mouret, Rosé, Vaulruz, Orbe, Sainte-Croix, Vallée de Joux, Les Ponts-de-Martel et d’autres lieux que nous ignorons. Le travail effectué à la force des bras consistait d’abord à enlever les mottes, puis avec deux outils bien distincts appelés »gazons», le coupeur pour tailler verticalement et le donneur pour la coupe horizontale. La hauteur du gisement, dénommée la creuse, était d’environ deux mètres. Les briquettes de tourbe d’un poids de cinq kilos chacune étaient étalées sur le sol, puis entassées. Les mailles dressées permettaient un séchage optimal. L’exploitation de la tourbe était un travail pénible et guère rémunérateur. Durant la seconde guerre mondiale, nombreux étaient les agriculteurs et artisans qui chauffaient le fourneau en molasse avec de la tourbe, dénommée combustible du pauvre. Qu’est-ce que la tourbe ? Une matière organique transformée par accumulation de matière organique morte et de différents végétaux dans un milieu saturé d’eau. Séchée, elle donne un combustible brun à noirâtre qui chauffe moins que le bois ou le charbon, mais qui est très économique. Les végétaux se transforment en tourbe après 1 million d’années et s’élabore à raison de 5 cm par siècle. Sa teneur en carbone peut atteindre 50% du poids. La tourbe est une étape intermédiaire à la formation du charbon. Elle a été utilisée fort longtemps dans l’agriculture comme fertilisant organique ou substat horticole de croissance. Au Moyen Age, elle était d’une grande utilité en Islande pour la construction des fermes.
