La soupe au coucou
Clin d’œil à la précision horlogère qui fait notre fierté, avant l’heure c’est pas l’heure même en cas d’urgence! Le boeing éthiopien détourné la semaine passée par son copilote a de nouveau fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins européens. L’avion a été escorté par des appareils militaires italiens puis français jusqu’à son atterrissage à Genève parce qu’il était tout simplement… trop tôt pour les Suisses. Eh oui, nos militaires commencent la journée à 8 heures et le boeing s’est posé par malchance sur le tarmac de Genève peu après 6 heures. Il est vrai qu’on se serait bien passé de ce communiqué des autorités locales révélant que l’armée de l’air ne travaille que durant les heures d’ouverture de bureau. Car c’est bien là que le bât blesse: sans ce communiqué lamentable nous ne serions pas la risée des médias étrangers et des réseaux sociaux qui en rajoutent une couche après notre votation. Une vraie cata, heureusement que le ridicule ne tue pas…
En dehors de ces problèmes d’horaires qui portent à moquerie, il faut bien admettre que la collaboration avec nos pays voisins, qui cela dit a bien fonctionné, était plutôt bien vue compte tenu des peu de kilomètres engagés sur notre espace aérien. Seulement cette collaboration avec les Français et les Italiens peu de temps après notre votation sur le contingentement acceptée dernièrement paraît du plus mauvais effet. Quant au copilote éthiopien, qui n’était certainement pas au courant, il tombe sur notre sol helvétique comme un cheveu sur la soupe; mieux aurait valu pour lui (et pour nous) qu’il reste à Rome…
Dans la foulée, la prochaine votation sur l’achat des Gripen risque bien de gripper devant cette démonstration qui met plutôt à mal la crédibilité de notre armée de l’air… Toujours est-il que cette affaire a démontré que notre parapluie sécuritaire a de gros trous. Est-ce par faute de moyens financiers ou par faute de volonté politique de notre Conseil fédéral aux bras cassés? Selon Ueli Maurer la situation devrait s’améliorer: le Département de la défense veut se doter de cent nouveaux pilotes et mettre en place un programme de veille 24 heures sur 24 d’ici… 2020.
Hâte-toi lentement, c’est bien notre devise?
Danielle Bouvier
Redactrice en chef