La petite histoire des mots
Moustique

Le retour des températures plus clémentes coïncide avec celui des moustiques, et son lot de nuisances, en particulier celui du moustique tigre, une espèce invasive, d’origine asiatique, qui colonise nos campagnes depuis plusieurs années. Ces bestioles peuvent transmettre des agents pathogènes tels que les virus du Zika, du chikungunya et de la dengue.
À la fin du mois de mars, la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (Supsi) a déposé une demande d’autorisation pour mener une expérimentation visant à relâcher des moustiques tigres mâles, préalablement stérilisés, dans le but d’évaluer cette méthode afin de combattre l’invasion. Cette espèce est reconnaissable à ses rayures blanches et noires sur les pattes, et à la ligne blanche qui traverse son thorax et sa tête. Son vol est lent et silencieux.
C’est au début du XVIe siècle que notre langue a emprunté le mot « moustique » à l’espagnol « mosquito » qui signifie « petite mouche », lui-même issu du latin « musca » qui veut dire « mouche ». Avant cela, en vieux français, il semble que toutes les petites bestioles volantes étaient désignées sous le nom générique de « mouceron » ou « moukeron » (moucheron), termes également dérivés de « musca ». Les entomologistes se sont eux inspirés du mot « culex » qui, chez les Romains, désignait à la fois les moucherons et les moustiques pour donner à ces insectes le nom scientifique de « culicidés ».
Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, le mot « moustique », en français, n’avait pas tout à fait la même orthographe. Le plus souvent, on l’écrivait « mousquitte ». Comment sommes-nous passés à « moustique » ? Les linguistes penchent pour l’hypothèse d’une « métathèse », un mot savant qui décrit un échange de lettres ou de sons proches. Cela serait la conséquence de la ressemblance avec les mots « mouche » et « tique » (mouche et tique donnant « moustique »).
Il est intéressant de noter que nos voisins méridionaux ont suivi une toute autre voie. En Italien, le moustique est appelé « zanzara ». Ce mot est issu du latin tardif « zinziare », un verbe onomatopéique qui imitait le bourdonnement de cette agaçante bestiole.
Les moustiques, tant mâles que femelles, sont avant tout nectarivores. Ils s’alimentant de nectar et du jus sucré des fruits mûrs pour couvrir leurs besoins énergétique. Seules les femelles, dans le but d’assurer le développement de leurs œufs, prélèvent du sang sur des vertébrés à sang chaud, comme l’homme, ou des animaux à sang froid, comme les grenouilles. La quantité de sang prélevée varie de 4 à 10 mm³ en une à deux minutes.
En un temps où la Chine révolutionnaire luttait contre la surpopulation et devait simultanément se battre contre un déferlement de moustiques dans ses campagnes, le « Grand-Timonier » Mao Tsé-Toung avait décrété : « Il est plus utile de tuer des moustiques que de faire l’amour. » Mao se maria quatre fois et semble avoir eu au total dix enfants, de trois femmes différentes. On ignore, en revanche, combien de moustiques il a tué…