La petite histoire des mots
Bombe

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche fait désormais douter certains alliés des Etats-Unis de la volonté de Washington de les protéger. C’est ainsi que le Japon et la Corée du Sud envisageraient désormais de se doter de LA bombe pour ne plus dépendre du parapluie nucléaire américain. La semaine dernière, même l’Ukraine a fait savoir qu’elle avait la capacité de mettre au point une bombe A, du type de celle utilisé à Hiroshima, même si Kiev a ensuite démenti en avoir l’intention.
Voilà qui nous amène à nous pencher sur l’étymologie du mot « bombe » …
Ce mot désigne un projectile ou un engin rempli d’explosifs et qui éclate lorsqu’on l’amorce ou lorsqu’il retombe. En Occident, les premières « bombes » firent leur apparition au Moyen-Âge, après l’introduction, au XIVe siècle, de la poudre noire, inventée en Chine. Ces « bombes », dites « de tunnel », étaient introduites dans des souterrains, creusés sous les fortifications des châteaux-forts, pour abattre leurs murailles.
C’est sans doute à cette époque que le mot « bomba » apparut en italien pour désigner ces dispositif explosifs. Il fut inspiré du latin « bombus » qui désignait un bruit sourd, un bourdonnement – celui des abeilles, par exemple -, et même… un pet sonore ! Le latin avait emprunté ce terme au grec ancien « bombos » qui signalait déjà le bourdonnement des insectes, lui-même dérivé d’une onomatopée qui consistait à imiter le murmure des bestioles volantes.
Le français « bombe », l’anglais « bomb », l’allemand « Bombe », l’espagnol et le portugais « bomba », le russe « bomva » et même le grec moderne « vomva », sont issu de la « bomba » italienne…
Les premières bombes étant rondes, le dénominal (verbe issu d’un substantif) de « bombe » nous a donné le verbe « bomber », qui signifie « rendre arrondi ou convexe », ainsi que l’adjectif « bombé » qui veut dire « arrondi ». Il existe de nombreux mots issus de « bombe », comme « bombarder », « bombardement », « bombardier », bombonne, etc.
Il existe aussi passablement d’expression avec le mot « bombe ». « Faire la bombe », par exemple, signifie « faire la fête ». Rien à voir cependant avec des explosifs. Cette expression est en fait une déformation de « faire bombance », synonyme de ripailles et de beuveries Une « bombe glacée » est une crème glacée fabriquée dans un moule hémisphérique, appelé « moule à bombe ». Ce dessert fut créé en France au cours du XVIIIe siècle
L’expression « bombe sexuelle », jugée désormais sexiste à juste titre, désigne une femme sexuellement attirante. Elle est dérivée de l’américain « sex-bomb », inspiré de l’expression « bombshell » (en forme d’ogive de bombe), utilisée dans les années quarante pour qualifier les formes avantageuses des pinups, celles peintes notamment sur le nez des bombardiers US.
On ignore si « sex bomb » et « bombe sexuelle » ont inspiré l’argot « bombasse », très vulgaire, et qu’il convient d’éviter en parlant d’une femme. A moins d’être un écrivain qui contextualise son propos, ou un rustre mal dégrossi…