La petite histoire des mots
Médaille

Comme chaque nation engagée dans les Jeux olympiques, l’heure est au bilan pour la Suisse. Avec huit médailles, dont une en or, notre pays s’en sort plutôt bien, même si la moisson est moins importante qu’à Tokyo, il y a quatre ans. Voilà qui nous amène au mot « médaille » qui, selon la définition de l’Académie, désigne une pièce de métal frappée ou fondue pour conserver la mémoire d’une action remarquable, qu’elle soit civile ou militaire.
Le mot nous vient de l’italien « medaglia » qui, au XIIIe siècle, désignait non pas une décoration mais une pièce d’argent d’un demi-denier, lui-même hérité du bas-latin « medlia », terme qui avait exactement le même sens. Pour mémoire, le denier était l’une des principales monnaies du système monétaire romain. Il s’agissait d’une pièce d’argent d’un poids d’environ 3 à 4 grammes, selon les époques.
En français, le mot « médaille » est apparu, semble-t-il, vers la fin du XVe siècle sous la forme « medalle », notamment, d’abord pour désigner les pièces d’or en usage en Italie et en Orient, puis, progressivement, pour nommer une pièce de métal délicatement frappée à l’effigie d’un personnage illustre. L’art de la médaille s’empara progressivement de toute l’Europe. Mais ce n’est qu’avec la Révolution française que les médailles cessèrent d’être un objet d’art pour devenir un instrument de commémoration et de propagande.
Lors des Jeux olympiques de la Grèce antique, les vainqueurs ne recevaient évidemment pas de médailles, mais une simple couronne d’olivier. Ils étaient cependant honorés comme des dieux dans leur cité. Les médailles sportives modernes, quant à elles, ont été créées en s’inspirant directement des médailles militaires du XIXe siècle.
Lors des premiers Jeux olympiques modernes, à Athènes, en 1896, chaque vainqueur fut couronné d’un rameau d’olivier, recevant en outre une médaille commémorative d’argent, ainsi qu’un diplôme. En guise de récompense, les deuxièmes obtinrent une médaille de bronze ou de cuivre, ainsi qu’une branche de laurier. En 1900, aux Jeux de Paris, aucune médaille ne fut distribuée. La plupart des vainqueurs reçurent des coupes ou des trophées. Ce n’est qu’au Jeux de 1904, à Saint Louis, aux Etats-Unis, que furent pour la première fois distribuées des médailles d’or, d’argent et de bronze, accrochées à un ruban coloré avec une épingle, afin de pouvoir être exhibées sur la poitrine.
L’expression « médaille en chocolat » désigne une médaille fictive et sans valeur, celle imaginaire par exemple, qui revient au quatrième. Elle fut pour la première fois utilisée pour railler une décoration de couleur brune offerte en 1857 par l’empereur Napoléon III aux anciens combattants des guerres conduites pas son oncle, Napoléon Ier. Terminons sur ce trait d’humour de l’écrivain français Jean Giraudoux : « L’homme se tient debout sur ses pattes de derrière pour recevoir moins de pluie et pouvoir accrocher des médailles sur sa poitrine. »


