La petite histoire des mots
Marseille
Partie de Grèce le 27 avril dernier à bord du trois-mâts Belem, la flamme olympique est arrivée mercredi dernier à Marseille, première étape de sa tournée en France. Le choix de cette cité portuaire, souvent citée comme étant la plus ancienne ville de France, aux côtés de Bézier, n’est pas fortuit : elle fut fondée vers 600 av. J.-C. par des marins et des marchands grecs venus de Phocée, une cité située sur la côte asiatique de la mer Egée. Ils lui donnèrent le nom de « Massalia ».
Pour être honnête, l’origine du nom « Massalia » est plus qu’incertaine. Les historiens se perdent en conjectures sur son sens. Selon une légende, largement répandue, en débarquant sur le sol de la Gaule méridionale les premiers colons grecs auraient aperçu, sur la plage, un pêcheur. Ils lui auraient lancé une corde pour accoster en lui criant « Massa aleia ! » ; injonction que l’on pourrait traduire par « Attrape pêcheur ! » et qui aurait inspiré le nom de la cité.
Cette explication est très poétique, mais peu vraisemblable ! Notons tout de même au passage que le mot grec pour pêcheur nous a donné le terme « halieutique » qui définit l’art de la pêche.
Selon certains historiens grecs, le nom « Massilia » serait peut-être l’héritage de marins minoens, arrivés sur ces rives pour commercer de nombreux siècles plus tôt. D’autres y voient une origine celtique, compte-tenu du voisinage des peuples gaulois, ou encore sémitique, des marins phéniciens ou carthaginois ayant possiblement installé un comptoir sur cette côte avant l’arrivée des Phocéens. D’autres encore font remarquer qu’en Anatolie, d’où les Phocéens étaient proches, le préfixe « Massa » était associés à des lieux de pèlerinage et d’offrandes.
Les Grecs de Massalia fondèrent aussi « Nikaïa » (la Victorieuse) d’où Nice tire son nom (ainsi que la marque d’articles de sport « Nike ») ; « Agathê Tychê », (la bonne fortune), l’actuelle ville d’Agde, « Antipolis » (« la ville contre », face à un village ligure), l’Antibes contemporaine, ainsi que « Emporion (le marché), devenu Empuries, sur la côte catalane.
Soumise à Rome, la cité prit le nom latin de « Massilia », tout en conservant son caractère grec. Au Moyen Âge, le nom de la ville connut une évolution phonétique : le « ss » de Massilia fut transformé en « rs », donnant ainsi naissance au nom « Marsilia », sous l’influence de la langue provençale. Au fil du temps, « Marsilia » devint « Marseiho », puis « Marseiye », en ancien français. Finalement, le nom fut simplifié en « Marseille ».
De nos jours, les Marseillais se distinguent par leur dévotion sans faille pour l’OM ; parfois encore par leur accent savoureux, popularisé par Fernandel et les films de Marcel Pagnol, ainsi que par un riche florilège d’expressions impayables, du genre : « Oh, fada, figure de poulpe, eh viens te boire un fly, ah ! » (Oh, face de poulpe, dingo, viens boire un pastis à mon compte). Précisons encore que le mot « fada », synonyme de « dingo » est issu de l’occitan « fadat » qui , à l’origine , signifiait « touché par les fées ».