La petite histoire des mots
Maire
Bien malgré eux, les maires de France se sont retrouvés au premier rang des violences qui ont secoué la République, certains ayant échappé de justesse à la vindicte des émeutiers qui, mus par une haine meurtrière, se sont même attaqués à leurs familles et à leur domicile. Chez notre grand voisin, un maire est le premier officier municipal élu par le Conseil municipal, parmi ses membres. C’est le cas aussi dans les communes francophones du Canada.
En Suisse, le titre de « maire » n’est utilisé que dans les cantons de Genève, du Jura et de Berne (Jura bernois). Dans ceux de Vaud et de Fribourg, le maire porte le titre de « syndic » et celui de « président » (de commune) dans ceux de Neuchâtel et du Valais. La Belgique francophone a, quant à elle, choisi le terme « bourgmestre » (en néerlandais « burgemeester » et en allemand « Bürgermeister ») pour désigner ses maires, mais aussi parfois « mayeur » ou « maïeur », dans certaines petites communes de la région wallonne.
Le mot « maire » est issu du latin « major » qui signifie « plus grand ». Sous la dynastie des Mérovingiens, qui régna sur ce qui allait devenir la France, du Ve au VIIIe siècle, le titre de « major » fut attribué aux intendants chargé de la direction d’une exploitation, et de la conduite des serfs qui y travaillaient sous la contrainte. Plus tard, par analogie, ce titre fut attribué à la personne qui, pour le compte du seigneur, administrait un village.
Lorsque les villes devinrent autonomes, certaines d’entre elles donnèrent le nom de « maieur » ou de « maire » aux magistrats chargés de les diriger. Cette dignité finit par se généraliser. C’est ainsi que vers le XIIe siècle la plupart des villes de l’est, du nord et de l’ouest de la France eurent un « maire » à leur tête. Ce n’est cependant qu’après la Révolution que le statut des communes fut fixée avec précision et que les attributions des maires de France furent clarifiées. En Suisse, chaque citoyen est d’abord citoyen d’une commune (« droit de cité communal » ou « origine ») et d’un canton (« droit de cité cantonal » ou « indigénat »)
Le mot « syndic », attesté dès le XIIIe siècle, a lui été emprunté au latin « syndicus » qui désignait l’avocat ou le représentant d’une ville. Quant au mot « président », il vient du latin « præ » (en avant) et « sidens » (qui siège), d’où « præsidens » (qui siège devant les autres). Au XVIIe siècle, ce titre était attribué aux magistrats qui présidaient les cours de justices.
Lorsque les professions se sont ouvertes aux femmes au XXe siècle, la féminisation des termes ne s’est pas pour autant étendue. De nos jours les expressions « Madame la maire » ou « Madame la mairesse » sont admises. Il faut d’ailleurs rappeler qu’en des temps plus anciens, les féminins étaient d’un usage courant, comme « autrice », redevenu acceptable grâce aux luttes féministes, ou même « philosophesse ».