La petite histoire des mots
Calendrier

Georges Pop | Peu de foyers échappent à la tradition: depuis le 1er décembre, les enfants, et souvent même les adultes, ont commencé à ouvrir les fenêtres de leur calendrier de l’Avent, dans l’attente du jour de Noël. Cette coutume est relativement récente. Dès le XIXe siècle, en Allemagne, il était d’usage d’offrir aux enfants, chaque matin, des images pieuses durant les jours précédant Noël. Mais ce n’est qu’en 1908, qu’un éditeur munichois du nom de Gerhard Lang, eut l’idée de commercialiser un calendrier composé de petits dessins colorés, reliés à un support en carton. Les petites fenêtres à ouvrir, elles, n’apparurent qu’en 1920, toujours en Allemagne. Le mot « calendrier » dérive de l’ancien français « calendier », issu du latin « calendarium » qui désignait, non pas un système de repérage des dates en fonction du temps, mais un livre de comptes ou un registre de dettes. Le « calendarium » latin faisait en effet référence aux « calendae », les calendes qui désignaient chez les Romains le premier jour du mois ; jour fixé pour le paiement des échéances. Et gare à ceux qui ne respectaient pas ce terme ! Notons au passage que l’expression « renvoyer aux calendes grecques », toujours en usage de nos jours, signifie remettre une échéance ou un projet à une date qui n’existe pas, les Grecs de l’Antiquité étant parfaitement indifférents aux calendes romaines. Ce serait l’empereur Auguste qui, le premier, aurait introduit ces inexistantes « calendes grecques » pour évoquer les très hypothétiques dates de remboursement de débiteurs insolvables. Aujourd’hui, pour dire la même chose, on parle plus volontiers de la « Saint-Glinglin » ou de « la semaine des quatre jeudis ». Pour en revenir au « calendarium » des Romains, ce n’est que vers le troisième siècle de notre ère, que le mot prit progressivement, en bas latin, la définition moderne de « calendrier » que nous lui connaissons. Le mot « Avent », quant à lui, a été emprunté au latin tardif « adventus », issu du latin classique « advenire » qui veut dire « arriver ». Chez les Chrétiens des origines, ce mot désignait l’arrivée du Christ. Il a progressivement fini par définir la période liturgique avant Noël. La célébration de l’Avent débuta au cours du Ve siècle, lorsqu’un évêque appelé Perpet de Tours, alias saint Perpetuus ou saint Perpète, ordonna à ses ouailles de jeûner trois fois par semaine, à partir de la fête de saint Martin, le 11 novembre, jusqu’à Noël. C’est à cause de cet ordre de l’évêque Perpet, quasiment oubliée de tous aujourd’hui, que l’Avent est vraiment entré dans la tradition chrétienne. L’Avent, en raison de ses origines, est d’ailleurs également appelé, parfois « Carême de saint Martin ». D’abord locale, cette tradition de l’Avent a fini par se répandre parmi les Chrétiens d’Occident, les églises d’Orient ne l’ayant adoptée, pour certaines, que très récemment. Pour la petite histoire, on peut relever que le prénom Perpet, aujourd’hui tombé en désuétude, fut jadis assez populaire. Il est apparenté au terme latin « perpetuus », qui veut dire « indéfiniment » et qui nous a donné en français le mot « perpétuel ». Saint Perpet, quant à lui, apôtre de l’abstinence et des jeûnes de l’Avent, est, notamment, entré dans l’histoire du christianisme pour avoir fait bâtir, à Tours, la première basilique abritant les reliques de saint Martin ; un saint dont la fête, dans le Jura suisse, est le prétexte, depuis le Moyen-Âge, à de gargantuesques mangeailles, à la gloire du cochon.


