La Gardoche de Pierre Jeanneret
Claude Cantini | Le dernier ouvrage de Pierre Jeanneret – «La Gardoche, 37 ans de garderie communautaire» – est centré sur une tranche de vie sociale lausannoise. Si j’en parle, c’est parce que l’auteur souhaite «que ce récit intéresse non seulement les personnes qui (…) ont participé à son histoire, mais encore toutes celles qui se sentent concernées par les problèmes liés à l’enfance et à l’éducation» (p. 8).
Rappelons que les crèches sont nées à la suite de la révolution industrielle. La première du canton de Vaud ouvre à Lausanne en 1873. Jusqu’à l’après-guerre 1945, la capitale vaudoise ne connaîtra que quatre institutions privées s’occupant de l’accueil de la petite enfance. La première garderie communale, celle de Bellevaux, n’est créée qu’en 1949. C’est que les préjugés ne manquent pas: un rapport officiel de 1946 qualifie encore les crèches de «dépotoirs pour femmes paresseuses» (p. 12).
La fondation de la garderie communautaire «La Gardoche» (de tendance libertaire, donc autogérée) est décidée, après une bonne année de réflexions, en janvier 1977. Elle ouvrira à titre d’essai en mars, au chemin de Boissonnet, dans des locaux loués à la paroisse protestante de La Sallaz-Vennes. Ce n’est qu’en septembre 1985 (grâce à un don de la Loterie Romande et à une hypothèque) que l’association de soutien pourra acquérir une villa à la route de Berne; après d’importants travaux de remise en état, l’inauguration a lieu en juin 1987.
Comme l’écrit l’auteur (pp. 32 et 51), sans surprise «dès le début, la Gardoche a de gros problèmes financiers. Durant une période d’environ six mois, ce sont les fondateurs et des amis acquis à leur cause qui financent le salaire de la première éducatrice. Le prix payé par les parents pour la prise en charge de leur(s) enfant(s) ne permet pas de couvrir les charges». Une première demande de subventionnement adressée aux autorités lausannoises remonte donc à juin 1977, sans succès, comme les suivantes.
Dès 1988, l’institution connaît des conflits internes qui, en s’aggravant de plus en plus, aboutiront à sa municipalisation. Cet état de fait «témoigne aussi de la crise générale du bénévolat» (p. 102), ainsi que de «l’individualisme croissant et le désintérêt envers tout engagement, qu’il soit politique, religieux ou social» (p. 103). C’est ainsi qu’une assemblée générale extraordinaire, réunie en mai 2013, a voté la dissolution de l’association et le transfert de la gestion de La Gardoche à la Commune de Lausanne.
L’ouvrage peut être
commandé chez Mme Zohrat Breguet, route d’Oron 34 A, 1010 Lausanne.
Tél. 021 653 03 65 ou z.greguet@bluewin.ch