La chronique de Denis Pittet
Autoroutes : le grave problème suisse

Dans trois jours nous saurons si le peuple suisse a accepté ou non l’Arrêté fédéral sur l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales, plus familièrement appelé l’élargissement des autoroutes, comme si d’ailleurs on parlait de beaucoup d’autoroutes, alors que seuls 19 kilomètres sont concernés en Suisse romande.
Le moins qu’on puisse dire est que la campagne a été virulente de part et d’autre, partisans et opposants se battant à coups de nombres de terrains de football soustraits à la nature jusqu’à un pseudo débat philosophique sur notre rapport à la voiture et le monde de l’an 3000… J’ai adoré soi-dit en passant un opposant claironnant fièrement « qu’il fallait repenser nos modes de déplacements » (la belle affaire) sans jamais dire comment… Ceux qui me connaissent le savent, je suis partisan de la bagnole mais je fais aussi du vélo. Je n’en peux plus d’ailleurs de cette hypocrisie permanente qui consiste à hurler sur la voiture mais à l’utiliser quand même, à faire planer l’apocalypse sur ces affreux véhicules tout en continuant à encaisser des milliards grâce aux taxes sur l’essence et autres taxes.
Nous avons dans ce Pays un très grave problème : les temps de réalisation des projets et des travaux. Les esprits s’échauffent vite mais les chantiers vont très lentement. Le temps politique ne correspond plus aux temps de la société. J’ai peu, voire très peu trouvé d’informations (ou alors contradictoires) sur les délais de réalisation de ces fameux élargissements. On parle de 2027 pour Schönbühl et Albert Rösti évoque 2030 pour une réalisation globale. Tu parles. D’autres évoquent le début des travaux – entre Genève et Nyon – pour 2033 avec une mise en service en 2041 ! Pourquoi faudra-t-il attendre 9 ans avant de bosser et comment accepter un résultat final 8 ans après, soit 17 ans après la votation ! Elle est où l’anticipation ou la vraie volonté de réaliser ? Huit ans de travaux impliqueront naturellement autant de nuisances et d’accrochages et donc… de bouchons. Et on recommencera le débat.
Personne aujourd’hui ne peut se projeter en 2041, mais une solution esquissée plus de 20 ans avant, a toutes les chances de ne plus être d’actualité. A ce stade, vous vous demandez où est le défenseur de la voiture ? Il y a une solution qui fonctionne et qui fait ses preuves : la régulation de vitesse par tronçons. On ferait bien mieux d’injecter ces milliards soit en équipant les autoroutes de bornes qui seront lues par des voitures devenues plus intelligentes ou en renforçant la tendance qui fait que les nouveaux véhicules sont de plus en plus équipés de régulateurs de vitesse et de capteurs de distance au minimum. En entrant sur l’autoroute et en fonction du trafic, tout le monde roulera à 80 km/h et à la même distance des uns et des autres. Il n’y aura pas le choix. Finis les égoïstes qui roulent à 90 sur la piste de gauche ou les camions qui dépassent sur un kilomètre, ou encore les espaces de 300 mètres entre deux voitures.
Oui, cela ressemblera – ironie du sort – à une sorte de train sur route où les voitures seront les wagons d’une invisible locomotive électronique. Rassurez-vous : une fois sortis de ces nouveaux rails de bitume, vous reprendrez le contrôle pour rejoindre votre but. Ce système existe déjà. Il éviterait les coûteux et improbables travaux et serait bien plus efficace qu’une voie supplémentaire. Un peu de bonne volonté politique, un travail consensuel et une communication claire conduiraient sans doute à une large acceptation de cette solution.