La chronique de Denis Pittet
Taxés-tondus

Ça on le sait : Noël approche, avec son cortège de lumières, de bougies, de cadeaux, de repas et d’apéros. Mais on vante moins les paiements de fin décembre (bientôt ramenés à mi-décembre d’ailleurs) avec leur cortège de grosses factures, notamment les assurances bagnoles. Les 13e salaires y pourvoient largement et pour celles et ceux qui n’ont pas ou plus de 13e salaire (20 % de la population suisse est composée de retraités) c’est souvent un casse-tête voire une cause de nuits blanches. Mieux vaut avoir prévu la chose…
Un malheur ne vient jamais seul. Car c’est sans compter sur les taxes ! Tiens, d’ailleurs, dans notre beau canton, le Conseil d’Etat vient de modifier une taxe et d’en inventer une nouvelle pour 2026, afin de bien commencer l’année : la taxe sur les véhicules les plus polluants passera de 25 % à 40 % et ce sera 25 francs pour un changement d’adresse sur le permis, service gratuit jusqu’ici. La Confédération n’est pas en reste et nous invente de manière provisoire jure-t-elle (on sait ce que cela signifie) une nouvelle taxe de 2 francs sur les sacs poubelles !
Notre eau et notre électricité fleurissent de taxes : on ne paie pas seulement la consommation, on paie des taxes sur l’épuration et une taxe sur l’eau potable. Pour le jus, des taxes fédérales, une taxe cantonale et les taxes du fournisseur qui avoisinent les 11 % du total. Sans compter que depuis quelques années, on vous taxe pour la location du compteur !
Vous n’en avez pas assez ? Allez, en vrac : la vignette qui est une redevance, soit une forme de taxe. Essence ? La surtaxe sur les huiles minérales et une taxe pour le stockage obligatoire des carburants. Sans oublier la TVA. Les taxes auto qui arrivent perfidement en janvier, quand tout le monde est fauché. Les taxes d’élimination des déchets, comme la taxe sur les pneus ou celle sur les frigos ou sur les ordis. La taxe militaire. La taxe sur les divertissements. La taxe pour le réseau de transport. La taxe fédérale pour le soutien aux énergies renouvelables. La taxe à l’éclairage public. La taxe pour le développement durable. La liste est sans doute loin d’être exhaustive, ni précise. Mais c’est un fait : nous croulons sous les taxes et ce n’est hélas sans doute pas fini.
Pourquoi ? Parce qu’augmenter les impôts (dont on se demande parfois à quoi ils servent) est un tabou complet pour les politiques. Non, c’est tellement plus simple d’inventer des taxes. En fait, les taxes, c’est la faillite d’un système. C’est la dilution du réel dans un nuage opaque pour que plus personne ne sache encore ce qu’il paie et pourquoi. Et pour paraphraser le capitaine Haddock dans « L’Affaire Tournesol » lorsqu’il s’adresse à Séraphin Lampion : « La seule taxe qui me manque, c’est une taxe contre les taxes ! »


