Images d’antan
Authentique témoin d’une époque
Gérard Bourquenoud | Depuis que la poésie est fille de la mémoire, c’est-à-dire depuis toujours, nous cherchons à glorifier les vieilles choses qui pourraient nous rappeler le passé. Prenons comme exemple cette cafetière en fer blanc qui contient plusieurs litres de café à la température souhaitée, grâce à la flamme et la proximité de ce feu de bois. Un ustensile de cuisine qui était utilisé dans chaque ménage ou presque au 19e siècle et qui permettait à toute la famille de savourer un bon café chaud, de nuit comme de jour.
Ces vieilles choses faisaient partie du climat familial paysan que rien au monde ne pouvait changer, même pas le rayonnement de la personnalité de l‘agriculteur. Et un jour, pourtant, la cafetière bouilloire en fer blanc, voire même émaillée (photo ) a été remplacée par la cafetière à filtre en bois et même en acier inoxydable, puis par la verseuse à pression d’argent ou de porcelaine et finalement la machine électrique automatisée. Une évolution qui a mis du temps à s’intégrer dans la vie quotidienne paysanne du fait que ces témoins du passé gardaient une place privilégiée dans les chaumières.
Il y a un siècle, la diligence était un moyen de transport très prisé en Gruyère
Gérard Bourquenoud | Après des années de service sur des routes caillouteuses, la diligence de la Gruyère a effectué pour la dernière fois le parcours Charmey-Bulle en 1912. Tirée par deux chevaux et conduite par un cocher qui était assis sur le toit pour permettre à quatre personnes de prendre place à l’intérieur, elle était un luxe à l’époque. Ma mère qui était née en 1894, nous contait fréquemment des anecdotes du temps de son enfance et de sa jeunesse. En 1912, alors qu’elle était âgée de dix-huit ans, elle faisait à pied deux fois par jour le trajet Pringy – Broc pour travailler à la fabrique de chocolat Cailler à raison de 20 centimes de l’heure. De ce fait, elle croisait régulièrement la diligence qui se rendait de Bulle dans la vallée de la Jogne. Elle a eu l’opportunité de voyager avec ce postillon, uniquement pour rendre visite à une tante qui habitait Charmey. A plusieurs reprises, elle m’a dit que le plus pénible pour les chevaux était la montée « En Bataille », de Broc jusqu’au château de Montsalvens. Ce fut donc une ère formidable pour ma mère qui, en une seule vie, a passé de la diligence à l’aventure lunaire. Elle se souvenait aussi que cette route de la vallée de la Jogne qui conduit au col du Jaun, Gstaad et l’Oberland bernois était, à l’époque, très animée au printemps, lors de la montée des troupeaux à l’alpage et en automne lors du retour en plaine. Cette
tradition a d’ailleurs été maintenue de nos jours lors
de la désalpe à Charmey.