Haute voltige
Sept nations européennes ont opté pour l’achat du même avion de combat que celui choisi il y a quelques jours par notre Conseil fédéral. Il s’agit principalement de pays du nord de l’Europe, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Pologne, la Grande-Bretagne, la Norvège mais aussi l’Italie. La Suisse n’est donc pas la seule dans cette partie du monde à vouloir défendre son ciel à l’aide du F-35A.
Pourtant une fronde unie s’est immédiatement levée au nom de la sacro-sainte souveraineté nationale. La Suisse se livrerait pieds et poings liés au fabricant américain, qui plus est, en doublant la mise, puisque cette Ferrari des airs serait totalement dépendante de clouds hébergés par… les Etats-Unis et la Chine ! Notre souveraineté aurait-elle été mieux préservée par Dassault, Airbus ou Boeing ?
Le temps n’étant pas au beau fixe avec nos voisins européens après le refus de l’accord cadre, un geste envers ces partenaires aurait été l’occasion de « renouer » les liens en « achetant local », ce qui paraît être d’une logique élémentaire à l’heure actuelle. Les relations diplomatiques auraient probablement été moins chaotiques et notre souveraineté mieux respectée. A voir.
Lorsqu’il s’agit d’affaires de haut vol comme celle-ci, la bienveillance n’a plus cours. Les affaires sont les affaires et il serait naïf de croire que nos voisins seraient plus affables de par leur proximité, l’Histoire en a déjà témoigné. L’Europe de Bruxelles a certes été échaudée par la Suisse qui, coup sur coup, a manifesté sa souveraineté de manière peu diplomatique voire cavalière. On peut le regretter, l’occasion a été manquée de changer de fournisseur et d’affirmer notre européanité.
A défaut, nous irons manifester notre suissitude en allant, encore une fois… voter.
Arvid Ellefsplass, rédacteur en chef