“Ex Libris” – une bibliothèque lieu de vie
Ex-libris, The New York Public Library, documentaire de Frederick Wiseman
Colette Ramsauer | Auteur de nombreux documentaires, le réalisateur américain Frederick Wiseman (1930) investit la plus grande bibliothèque du monde, la New York Public Library. Il la révèle comme un lieu d’apprentissage, d’accueil et d’échange.
A la rencontre du savoir et des autres
Présente dans trois arrondissements de la ville, la NYPL participe à la cohésion sociale des quartiers de New York y compris les plus défavorisés. Elle incite non seulement à la lecture, mais à l’approfondissement ou le «béaba» des connaissances; propose conférences, expositions, concerts; sert d’abri occasionnel aux SDF. Elle s’avère un extraordinaire lieu de rencontre et d’échange. Elle efface définitivement l’image d’un lieu austère.
Méthodes du cinéaste
Pas étonnant que le film débute par un renversant discours sur la laïcité. Frederick Wiseman se défend pourtant de toute ambition idéologique ou sociologique. Dès le début de sa carrière en 1964, il affirmait ses principes d’approche: absence d’interviews, de commentaires off et de BO, concentration sur les personnes jusqu’à ce qu’elles en viennent à ignorer la caméra. Le cinéaste assure lui-même la prise de son en téléguidant le cadreur dans le détail pour obtenir des images d’une beauté formelle, a priori non esthétique, toujours chargées d’émotions.
Un cri d’espoir
Le film démontre comment cette immense bibliothèque, lieu de vie, maison du bon Dieu, est devenue l’emblème d’une culture ouverte grâce à l’effort considérable de personnes engagées, à l’aide de l’Etat et des dons privés. C’est un cri d’espoir dans notre monde chamboulé. Les responsables des bibliothèques, des affaires culturelles, dans les villes et les villages partout dans le monde, se sentiront concernés.
«Comme à son habitude, Wiseman s’est plongé à corps perdu et des mois durant dans son sujet, afin de rapporter une oeuvre de plus de trois heures qui s’écoulent pourtant comme si le temps était suspendu… Les succursales du fameux édifice de la 5e avenue – souvent vu au cinéma notamment dans Ghostbusters – se trouvent dans tous les quartiers de la ville, y compris et c’est essentiel les plus défavorisés… La porte est ouverte, il suffit d’entrer.» Frédéric Maire, directeur de la cinémathèque suisse
Ex-libris-The New York Public Library,
USA, 2017, 3h17min
Documentaire de Frederick Wiseman
Dans les salles romandes
dès le 29 novembre