Football – Jean-Daniel Perroset, l’humilité en personne
Humble, dévoué, engagé, passionné et altruiste : ces adjectifs résument parfaitement Jean-Daniel Perroset, entraîneur vaudois à la carrière discrète mais profondément marquante.

Formateur de talents, sauveur de clubs, bâtisseur de projets. Il a toujours préféré l’ombre à la lumière. Retour sur le parcours d’un homme au service du football romand. Ce week-end, aura lieu l’inauguration de la buvette du FC Lutry – club cher à son cœur – un club marqué par le passage de Jean-Daniel Perroset.
Le Courrier vous propose un voyage dans le passé de cette personnalité du football des talus.
Les débuts d’un bâtisseur
Tout commence à Romanel, où il fonde l’une des premières écoles de football du canton de Vaud. Il enchaîne ensuite avec Cheseaux, Champagne, puis Yverdon, où il sauve les juniors B interrégionaux de la relégation. En prenant en charge les espoirs du club, il entraine entre autres les frères Raphaël et Alexandre Comisetti. C’est là que débute une longue amitié avec Pierre Albert Chapuisat (Gabet), alors entraîneur de la une.

Lutry, une aventure humaine
« Quand j’étais directeur technique à Yverdon, en 2005, Olivier Terrin a racheté mon contrat d’un an pour que je puisse entraîner la première équipe de Lutry. Il restait cinq matches, l’équipe était avant-dernière. Résultat : quatre victoires, un nul. Quel bol ! », se souvient-il en souriant.
A Lutry, il vit une véritable aventure humaine. L’équipe devient une seconde famille. Il reviendra à Lutry en 2015 pour sauver la deuxième équipe de la relégation.
Le tournant du football féminin
Après des passages à Concordia et Echichens, Jean-Daniel découvre le football féminin à Yverdon : « Je n’y croyais pas au départ. Mais en voyant un match, j’ai été surpris : ça débordait de tous les côtés. C’était vraiment intéressant. Je me suis dit : là, je peux apporter quelque chose. »
Il devient l’adjoint d’Alain Béguin, et ensemble, ils remportent la finale de la Coupe suisse féminine M19 – moment qu’il décrit comme le plus beau de sa carrière. Il les entraînera durant 3 ans.
Désormais à Aigle, il participe à un projet ambitieux. Malgré une relégation en 4e ligue lors de la première année, il persévère. Cette saison, l’équipe joue bien et peut viser la montée grâce à Gwendoline Faye et quatre nouvelles joueuses. « Sans elles, on aurait pu supprimer l’équipe. Aujourd’hui, les filles m’écrivent chaque semaine. J’ai toujours plaisir à les entraîner. Gwendo tire l’équipe vers le haut, les joueuses progressent plus vite. Tous ces témoignages me donnent de la force. »
Des offres professionnelles… refusées
Plusieurs opportunités de rejoindre le monde professionnel se sont offertes à lui tout au long de sa carrière. Il obtient un contrat de trois mois avec la une d’Yverdon avec Walter Späni, après le départ du coach. Ensuite, YS lui propose une prolongation : « J’avais 50 ans, deux enfants, un travail qui me plaisait. J’ai refusé. J’ai eu la chance de côtoyer des professionnels tout en restant dans l’ombre. » Plus tard, une autre proposition arrive du FC Sion pour un poste d’adjoint auprès de son ami Gabet, qu’il rejettera également.
Des souvenirs inoubliables
Au fil des années, il noue des relations fortes. Il parle avec tendresse du regretté Jean-Daniel Terrin, surnommé Tojo : « Il venait souvent discuter des matches, même quand j’étais énervé. J’aimais ça. » Et de Michel Terrin, surnommé « Poulet » « Il avait besoin d’une relation d’amitié avec l’entraîneur. Après une victoire 3-0, il est venu avec son épouse et un bidon de soupe à la courge. On a partagé un vrai moment de vie à Channoz-
Brocard. Ça, c’est le football que j’aime. »
Jean-Daniel Perroset se décrit lui-même comme un espoir, que ce soit en tant que joueur du Lausanne-Sport ou en tant qu’entraîneur. Parmi ses plus beaux souvenirs : avoir été porté en triomphe par la deuxième équipe de Lutry après l’avoir sauvée de la relégation. Et surtout, cette phrase inoubliable de Tojo, en larmes : « Tu as sauvé mon fiston. »

Quelques témoignages Kim Despont, capitaine du FC Aigle
« C’est un véritable phénomène ! Il nous surprend, il surprend aussi l’équipe adverse. Sur le terrain, on entend que lui, tout le monde le reconnaît. Il ne nous lâche jamais un vrai pied de gruyère ! C’est aussi un pro pour organiser les repas : il prépare un petit récap avec de la musique. Chaque chanson décrit une joueuse ou un moment de la saison avec beaucoup d’humour. Par exemple : « si une personne est absente, il mettra la musique de Vianney Pas là ».
Gabet Chapuisat, ancien joueur et entraîneur professionnel : « C’est un vrai passionné, très organisé, il a ses idées, il est très humain. Je l’ai connu en tant qu’apprenti chez Schaefer Sports. On a beaucoup collaboré, c’était une collaboration facile. »
Jean-Michel Parra, ancien adjoint de J.-D. Perroset lors des saisons 2015-2019 : « C’est tout d’abord une Grande Personne, un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du FC Lutry, qui a 117 ans. Il est extraordinaire, il est proche de ses joueurs et très compétent. Je me rappelle ses théories d’avant match à la Villa Mégroz, de Lutry, avec à chaque fois de la viande séchée. Mais surtout avec beaucoup d’émotions, musique à coin et beaucoup d’amour. Il venait depuis les Mosses, arrivait 30 à 45 minutes avant l’entraînement et préparait pour accueillir les joueurs avec joie. »
Jules Marche, entraîneur du FC Vignoble Ib : « Un coach qui m’a énormément marqué, qui est une grande source d’inspiration. Mais surtout une personnalité tellement attachante, vraie, qui est capable de t’emmener avec lui pour atteindre les objectifs collectifs. »