Fêtes des Vignerons 2019
Michel Voïta, grand-père de la Fête
Propos recueillis par Christian Dick | Michel Voïta est né à Cully et réside à La Tour-de-Peilz. Il est dans la vie un grand-père heureux et profondément attaché à sa région.

Comment vous est né ce métier d’acteur ?J’ai connu une adolescence à problèmes, avec une descente aux enfers. La question suivante s’est alors posée: «Quand as-tu vraiment été heureux?» Vers l’âge de 5-6 ans, j’ai interprété un corbeau dans une revue enfantine de fin d’année et chanté une chanson d’amour à une pinsonne. Ça a été une révélation. Plus tard, j’ai fait un apprentissage de vigneron que je n’ai d’ailleurs pas terminé. Ce choix précoce et ces valeurs-là ont influencé ma vie et m’ont aidé dans ma carrière de comédien.
Comment vit-on cet art en Suisse ?Ça dépend des périodes. J’ai une vie variée dans ce métier. Pendant 7-8 ans, j’ai enchaîné jusqu’à 5 spectacles par année, puis j’ai eu la chance de tourner des films et des téléfilms.
Quels sont vos souvenirs les plus mémorables ?J’en ai beaucoup, avec des anonymes comme avec des personnes connues. Difficile de n’en citer qu’un seul. Pourtant, la grande femme de lettres Nathalie Sarraute m’a laissé un souvenir mémorable, c’était du bonheur.
Ces expériences ont-elles influencé le choix de la Confrérie ?J’ai fait les trois dernières fêtes. Avec Charles Apothéloz (le metteur en scène de la Fête des vignerons de 1977), j’étais régisseur. C’était une Fête absolue. Je ne suis quasi pas rentré chez moi. En 1999, j’incarnais Jean-Jacques Rousseau. Avant cette Fête qui vient, nous étions une centaine à être passés par un débriefing sur la manière dont nous avons vécu la Fête précédente et comment imaginer la nouvelle. J’étais donc en rapport avec ceux qui allaient faire la nouvelle Fête. En outre, j’ai fait le prologue de la 9e de Beethoven avec le Ballet Béjart Lausanne, et c’est donc assez naturellement que la Confrérie m’a présenté à Daniele. Nous avons établi un excellent contact et commencé à
collaborer.
Est-ce vous qui accompagnez la petite Julie, ou est-ce l’inverse ?Julie est le personnage principal. Mon rôle est de l’accompagner dans la narration et à travers les différentes troupes. Je la suis dans son rêve. Le texte n’est pas encore définitif. Nous le travaillons. L’organisation de cette nouvelle Fête des vignerons est vaste et complexe, avec les deux personnes que nous incarnons, Julie et moi. Daniele a à disposition une plage de souplesse.
Comment fonctionne la relation entre la jeune Julie et vous ? Les répétitions concrètes des scènes n’ont pas encore commencé. Nous travaillons actuellement sur la confiance et la complicité entre nous ainsi que sur la présence de la caméra, l’accompagnement, le déplacement entre le décor et les figurants, l’apprentissage de l’espace. Il y a deux Julie. Pour la protection de l’enfance. On ne peut pas confier à une seule fille, de 10 – 11 ans, une telle charge ainsi qu’une présence permanente durant une si longue période à un rythme élevé et à un horaire difficile. Elles doivent être deux pour incarner le rôle.
Et comment appréhendez-vous la rencontre avec les 5600 acteurs-figurants ?Avec confiance. En fait, ce spectacle sort de ma pratique théâtrale, de ma zone de confort, et j’en suis ravi. J’ai assisté à des répétitions et vu quelques chorégraphies. On y parle aux figurants avec bienveillance et générosité. On s’est éloigné d’une direction de type militaire. La direction est aimable et cette Fête sera
chaleureuse.
Disposez-vous déjà de votre costume ?Celui de Julie est charmant et le mien un habit de travail, simple, qui me convient. L’essayage a d’ailleurs lieu demain (le 2 mai).
Quelle est la question à laquelle vous aimeriez encore répondre ?Je me réjouis beaucoup de cette Fête. Elle sera humaine et chaleureuse, avec un respect profondément humain. Elle réunira le monde, les uns aux autres, les jeunes aux vieux. Tous les cantons seront là, la fête se déplacera sur les quais. Nous ne sommes pas dans une réalité virtuelle.