Festivals, récompenses et déception
Les festivals n’en finissent plus de fleurir.
Colette Ramsauer | Le cinéma en a son compte, près d’une vingtaine en Romandie. Etonnant de voir naître très récemment à Lausanne «Rencontres 7e art» se voulant un mini Festival Lumière de Lyon, juste après Black Movie et à peine clos, le FIFD à Genève et le FIFF à Fribourg. Y aura-t-il une fin à ce débordement? Il en va d’autres questionnements et déceptions pour le public, comme celui de certains cinéphiles à la conférence sans traduction de l’anglais, du réalisateur Ken Loach en marge du FIFF, ou celui des spectateurs qui se sont osés à voir «Chien» dernier film – contrariant – de Samuel Benchetrit. Parmi un nombre considérable de films, les festivals internationaux couronnent – de mammifères d’or et d’argent – le travail de réalisateurs, selon des critères qui trop souvent déçoivent le grand public et la presse qui le dessert. Le fossé est grand entre l’opinion des jurys et celui de monsieur tout le monde. Césars, Oscars et autres trophées leur semblent souvent pas mérités. Le 23 mars dernier, au bord de la Limmat, la grande messe du cinéma suisse décernait une triple récompense à «Blue my Mind» portrait d’une jeunesse décadente de Lisa Brühlmann. Vu le peu d’intérêt du public, pas sûr que «Blue my Mind» sera traduit en français. Et étonnant que «Emma – Il colore nacosto delle cose» de Silvio Soldini, film plein de mérites, n’ait pas obtenu la moindre récompense. Quel profil a le cinéma suisse cette année? A espérer, dans le contexte post 4 mars, que le DFC désormais soutiendra des films qui ne s’évaporeront pas. L’esprit novateur des jeunes réalisateurs talentueux – et il y en a – ne devrait pas exclure l’intérêt à susciter d’un large public. Jean-Stéphane Bron avec «Opéra» prix du meilleur documentaire le 23 mars à Zurich, l’a bien compris.