Festival du film d’animation de Savigny
L’heure des retrouvailles avec le festival du film d’animation a sonné
Charlyne Genoud | Le 23 avril dernier, Marjolaine Perreten annonçait sur son site le report à septembre du Festival du Film d’animation de Savigny. Loin de se laisser abattre, la jeune directrice du festival a tout mis en place avec le comité qu’elle remercie pour que retrouvailles rime avec sécurité.
Un festival très « Covid friendly »
Dès les premiers instants de vie du coronavirus, le Festival du Film d’animation de Savigny s’est placé du côté de la prudence et du respect des mesures avec un report bien orchestré pour ne pas atteindre à la pérennité du festival. Maintenant que les manifestations de moins de mille personnes sont autorisées, l’évènement est l’occasion de se retrouver samedi à Savigny pour découvrir une multitude de films d’animation internationaux. Cependant, la possibilité pour le festival d’avoir lieu ne fait pas oublier à son comité la gravité de la pandémie, et les mesures qui aident à l’éloigner. La sensibilité de la directrice du festival, Marjolaine Perreten, n’est en effet pas cantonnée à sa production artistique puisqu’un réel souci du bien-être du public émane de ses propos. Alors que le virus inquiète, Marjolaine souhaite mettre les visiteurs de son festival à l’aise. Elle raconte comment les mesures de distanciation peuvent la mettre elle-même en confiance au quotidien: « J’étais au cinéma l’autre jour, et la dame à la caisse portait un masque derrière la vitre en plexiglas qui nous séparait. Le fait qu’elle nous protège doublement m’a vraiment fait me sentir bien ». Ainsi, au festival d’animation de Savigny, tout est organisé pour que la vie du virus soit rendue impossible. Outre les désormais habituels gels désinfectants et masques à disposition de tous, chaque participant recevra son propre stylo à l’effigie du festival pour le traditionnel vote du public. Les familles ou groupes recevront deux panneaux à disposer sur la chaise à côté d’eux pour que les distances soient bien respectées. Le festival sera donc un lieu de rendez-vous pour les Savignolans cinéphiles, et non pour le virus!
Jongler avec l’imprévu
Si l’organisation d’un festival n’a pas l’air simple en temps normal, difficile d’en imaginer le niveau de complexité quand le Covid s’en mêle. Marjolaine Perreten reste pourtant hyper positive. Même lorsqu’elle évoque le confinement qui l’a amenée à repousser son festival, elle s’estime chanceuse, ayant eu la possibilité de travailler depuis chez elle sans trop d’encombrements. Par ailleurs, elle explique que le festival n’est que peu atteint par les diverses retombées du coronavirus. Les mesures de distanciation ont été facilement adoptées et la taille du festival lui permet de mieux retomber sur ses pattes, à l’inverse de gros festivals qui se voient grandement menacés par la pandémie. Détendue, elle évoque tour à tour son implication, mais aussi son lâcher-prise pour ce festival qu’elle porte à bout de bras depuis 2017: « On s’attend à ce qu’il y ait moins de monde, mais même si on se retrouve à dix on ne sera pas déçu. Nous sommes en effet plusieurs à penser que le festival sert à se changer les idées et à lancer une reprise discrète et sécurisée ».
Des invités internationaux
Le comité a ainsi dû faire avec des mesures qui changent d’un jour à l’autre. Il est dès lors difficile de planifier les venues d’invités internationaux alors que les frontières peuvent fermer soudainement. Jusqu’au dernier moment, la surprise reste intacte de savoir si oui ou non les réalisateurs étrangers seront présents pour présenter leurs films. Marjolaine raconte en tous cas leur volonté d’être présents, alors que cela fait longtemps qu’ils n’ont plus eu l’occasion de se rendre à un festival. Aussi, un atelier était prévu sur la thématique du bruitage dans le cinéma d’animation. Malheureusement, cet évènement a dû être annulé car le professionnel en charge de cette animation n’a pas pu se déplacer. Face à ces imprévus et ces petites déceptions, Marjolaine Perreten ne perd ni le sourire, ni sa gratitude: « Je suis très bien entourée. Les gens autour de moi pour l’organisation du festival ont conscience que l’on est tous dans le même bateau. On comprend ce qu’il se passe et on veut faire au mieux pour respecter les mesures sanitaires ».
Marjolaine Perreten: portrait d’une référence
Le regard athlétique
Si l’évènement promet d’être réussi, c’est très probablement dû à l’expérience de la directrice du festival. Outre son travail de réalisatrice et l’organisation du festival de Savigny, Marjolaine Perreten travaille pour Fantoche à Baden, le plus grand festival de film d’animation de Suisse. Elle fait partie du comité de sélection des films internationaux. On peut donc compter sur son œil de lynx pour nous avoir concocté un superbe programme. Lorsqu’on lui demande comment elle gère la sélection de deux festivals chaque année, elle reconnaît que c’est une grande charge de travail, mais qu’elle s’y entraîne comme une sportive de haut niveau. « Au début, on regarde tous les films en entier sans pouvoir se décider tout de suite. A force, on sait après les trente premières secondes d’un film s’il vaut la peine d’être montré ou pas ». Comme toute grande sportive, la jeune réalisatrice confie aussi être lessivée après les six premiers mois de l’année où elle a enchaîné ces deux sélections. « Je me nourris beaucoup de tous ces films qui poussent ma créativité, mais en juillet je n’en peux plus de voir des films d’animation ! ». C’est qu’en effet, la tâche n’est pas des moindres: pour le festival de Savigny, Marjolaine reçoit environ 1800 films qu’elle regarde seule. Pour Fantoche, une présélection est établie avant que le comité dont fait partie Marjolaine se mette au travail. Il n’empêche que cela représente tout de même 500 films que l’équipe regarde en une semaine… à raison de dix heures de projection par jour !
Crash test à Fantoche
Au-delà de l’apport artistique de ce travail pour Fantoche, la directrice du festival en tire une expérience pratique non négligeable en ces temps pandémiques. Le festival qui a eu lieu la semaine passée a ainsi été un bon moyen pour elle de se rendre compte de l’efficacité des mesures sanitaires mises en place à Savigny. Même dans un festival bien plus grand, les mesures en question convenaient très bien. Une aubaine donc que ce festival soit tombé juste avant celui de Marjolaine.
Apprendre avec Claude Barras
Outre ses occupations festivalières et ses dernières œuvres reconnues notamment à Soleure où lui a été décerné le prix du public pour le meilleur film d’animation 2020, Marjolaine Perreten reste ouverte à la découverte d’autres techniques de travail. Ayant achevé ses études à la Poudrière à Valence il y a quelques années, elle semble toujours encline à apprendre d’autres réalisateurs. Pour ce faire, elle collabore en ce moment même avec le très reconnu Claude Barras, réalisateur de Ma vie de courgette ayant obtenu le césar du meilleur film d’animation en 2017. Un travail de longue haleine la garde à ses côtés, puisqu’elle conçoit pour lui le storyboard de son prochain long-métrage. Une fenêtre ouverte donc sur la réalisation de film d’animation plus longs, ce qui donne les clés à Marjolaine pour, qui sait, se lancer elle-même dans un tel projet dans le futur ?
Propagation du nouveau cinéphilie-virus
Si la propagation du coronavirus n’est pas au programme du festival d’animation de Savigny, force est de reconnaître que le virus de la cinéphilie a ses chances de devenir une réelle pandémie en ce deuxième samedi de septembre avec les quarante-six films au programme du festival. Pour tous les goûts et tous les âges, la programmation internationale promet de nous faire voyager bien loin de nos quotidiens. CG