La 14e Triennale bellerine se tient dans le très beau parc de Szilassy, jusqu’au 18 octobre
Sculptures contemporaines à Bex
Après Le Sentier, Bex: encore une exposition de sculptures en plein air ! Il faut dire que la saison d’été y invite.
Pierre Jeanneret | Comme toutes les éditions précédentes, la 14e Triennale de sculpture bellerine se tient dans le très beau parc de Szilassy qui surplombe la localité. Celui-ci, qui appartenait à une riche famille hongroise, a été légué à l’Etat de Vaud. Parcourir l’exposition, c’est donc aussi faire une magnifique balade (pentue) dans un cadre naturel qui varie avec les saisons. Une charmante buvette permet de s’y désaltérer et de consommer des mets simples.
Comme l’exposition du Sentier, celle-ci a été placée sous le thème « Industria ». Le plaisir particulier qu’on y éprouve est dû au fait que les œuvres présentées se détachent sur les paysages environnants: les massifs et les forêts des Préalpes vaudoises ou les parcelles du vignoble bellerin. Un bémol cependant: trop de créations relèvent de « l’art conceptuel », c’est-à-dire que l’idée l’emporte sur la réalisation esthétique, et que pour comprendre ce qu’a voulu dire l’artiste, mieux vaut avoir entre les mains le petit catalogue que l’on peut acquérir pour la modique somme d’un franc…
Cette réserve étant faite, un certain nombre d’oeuvres, notamment celles qui résultent d’un véritable travail sur la matière, remportent notre adhésion. L’une des premières, Premier départ pour Tchan-Zâca, de Jonathan Delachaux, est faite d’une double peinture recto-verso. Elle montre une foule d’habitants de Bex en migration vers un site industriel imaginaire. Smokes and Smogs d’Yves Boucard fait aussi une forte impression. Des cerceaux de bois peint assemblés et dévalant la pente évoquent les fumées qui s’échappaient des cheminées d’usines au XIXe siècle. Dans une structure de toile penchée, Olivier Estoppey a placé des personnages en béton armé. Le titre de l’œuvre, Le Quartier des fous, vient aussi du fait que le spectateur se sent en déséquilibre, comme ceux qui basculent dans la folie ! Très différent, et situé dans un joli cadre arboré, le travail de Nicole Dufour montre un être humain entièrement entouré de cordes. Il n’en sort qu’un bras tenant une grosse aiguille, symbolisant le savoir-faire nécessaire dans tout artisanat ou toute industrie. Quant à Koolhaas im Weiertal de David Bill, c’est une sculpture géométrique en acier laqué en noir et blanc, à travers l’ouverture hexagonale de laquelle on peut découvrir le paysage environnant.
Notre préférence est allée à Skybirds de Joëlle Allet. Elle a conçu un ensemble d’oiseaux en toile – mais qui pourraient représenter aussi des avions de combat – et qui tournent donc au gré des vents. C’est léger, aérien et poétique. Avec Twins, die Stehende, die Schwebende d’Anja Luithle, nous sommes en présence de deux robes rouges en tissu, époxy et acier, dont l’une est statique, l’autre suspendue à un arbre, ce qui crée un effet assez déroutant. Touchdown de Marcus Gaudoin est une sculpture de 2500 kg de béton, qui rappelle la forme d’un drone ou d’un ovni: l’artiste a voulu évoquer ainsi la surveillance constante, grâce à la technologie, qui s’exerce sur les humains. Evoquons enfin la très élégante création d’Andrea Wolfensberger au titre étrange, Du chant mystérieux de la chevêche d’Athéna. La chevêche est une petite chouette en voie d’extinction. L’artiste l’a représentée, ailée, à l’aide de pièces en fibre de ciment aux formes de tuiles romaines.
D’autres œuvres retiendront certainement votre attention. Mais répétons-le, le plaisir que l’on éprouve à chaque fois à la Triennale de Bex réside aussi dans l’osmose, ou au contraire le contraste qu’induit le rapport entre l’œuvre d’art et la belle nature qui l’entoure.
« Industria », Bex & Arts, 14e Triennale de sculpture contemporaine
Au Parc de Szilassy, Bex, jusqu’au 18 octobre. Ouvert tous les jours de 10h à 19h