Exposition – Tout apprendre sur les trains du XIXe siècle à nos jours
Une idée d’excursion à Mulhouse
Mulhouse, ville industrielle, n’est pas franchement une destination touristique. Quant à la nature environnante, avec ses champs plats de maïs à perte de vue… Rien à voir avec la « route des vins » de Colmar à Strasbourg et ses charmants villages. En revanche, la ville la plus importante du département du Haut-Rhin, très proche de Bâle, possède des musées techniques fort intéressants : les voitures automobiles de la célèbre collection Schlumpf ou encore le Musée du papier peint. Nous avons choisi de visiter la passionnante Cité du Train.
Ce n’est pas un hasard si Mulhouse renferme cette collection, unique en Europe, de 133 locomotives et wagons, en plus de nombreux objets liés au rail. La ville a longtemps fabriqué des locomotives à vapeur. Et surtout, le chemin de fer, notamment sous le Second Empire (1852-1870) a joué un rôle capital dans son développement économique : importation de matières premières et exportation de produits finis, en particulier des textiles. La Cité du Train offre, réparti sur plusieurs voies et quais, un extraordinaire ensemble de matériel roulant, du XIXe siècle à nos jours, c’est-à-dire de la locomotive à vapeur Buddicom No 33 de 1844 aux TGV actuels. Signalons notamment le wagon-salon des aides de camp de Napoléon III, ou encore la locomotive qui reliait Paris et les sites balnéaires de la Manche et de Normandie, dont il est question dans La bête humaine d’Emile Zola. Avec leurs immenses cylindres de combustion, la mécanique subtile de leurs bielles (expliquée par une machine présentée en « écorché »), leurs tandems à charbon, ces monstres de métal sont tout simplement fascinants. La reconstitution de wagons de voyageurs de Ire, IIe et IIIe classe, avec leurs mannequins de personnages, les services de table des wagons-restaurants de luxe, est des plus vivantes. On constate que les premiers wagons reprenaient la forme des anciennes diligences… Et des projections vidéo mettent chaque époque dans son contexte : ainsi le succès des trains de montagne, ou la sinistre période de l’Occupation, où la SNCF, à côté des résistants dont le courage est exalté dans le film de René Clément La bataille du rail (1946), a servi à transporter les Juifs déportés jusqu’à la frontière allemande. Les zones sombres ne sont donc pas occultées. Technologie, histoire et même Beaux-Arts sont bien mis en corrélation, avec les splendides affiches touristiques Art nouveau d’Alfons Mucha pour la ligne menant à Monaco. Les gares sont également mises en valeur, telles que représentées par exemple dans le célèbre tableau La gare Saint-Lazare de Claude Monet.
Puis c’est l’ère de la traction électrique ou à mazout, avec d’autres locomotives de légende, comme la Micheline, roulant sur pneus, de l’usine Michelin à Clermont-Ferrand bien sûr, la somptueuse voiture présidentielle de 1913, l’époque des TEE (Trans-Europe-Express), dont beaucoup de nos lecteurs et lectrices se souviennent bien, pour terminer par les révolutionnaires TGV. Nous vous invitons vraiment à visiter ce remarquable « musée », émouvant par le passé qu’il évoque, et par d’innombrables aspects techniques ou sociologiques qu’il nous apprend. Les cheminots en premier lieu, mais aussi tous les visiteurs seront assurément captivés !
La Cité du Train, 2 rue Alfred de Glehn, 68200 Mulhouse