Exposition – Le thème de l’Arbre inspiré par l’art aborigène
La peintre et plasticienne Anne-Lise Saillen réside dans notre district. Mais elle est reconnue comme créatrice importante bien au-delà. Elle a conçu de nombreuses expositions, dont l’une, particulièrement importante, a occupé de mars à juillet 2021 tout l’Espace Arlaud à Lausanne. Elle nous invite dans son Atelier à une présentation d’œuvres anciennes et récentes. L’artiste s’est toujours intéressée à la nature et à ses rapports avec l’homme. Depuis plusieurs années, elle se concentre sur l’Arbre. Non les différentes espèces particulières d’arbres, mais l’Arbre en tant que tel, à la fois puissant et caduque, et dans sa verticalité, reliant ainsi la terre au ciel. Loin de se répéter, l’artiste a constamment renouvelé ce thème, à la fois dans les visions successives de l’Arbre, mais aussi dans les techniques picturales utilisées.
Les œuvres présentées lui ont été inspirées par un voyage en Australie en 1997, où cette grande marcheuse a accompli un trek, accompagnée par deux ethnologues. Elle a ainsi parcouru des terres considérées comme sacrées par les Aborigènes, les très anciens habitants du continent, jusqu’au massacre de la plupart d’entre eux par les colonisateurs européens. De ce séjour, elle a rapporté du brou de noix, qui va donner à plusieurs de ses tableaux leurs couleurs brunes, de la pierre ferrugineuse et une pierre noire, autant de pigments utilisés dans les cavernes de la Préhistoire et par les peintures rupestres aborigènes, pigments qu’elle a repris dans ses propres travaux. Ses œuvres ont quelque chose de « mystique », non au sens banal du terme, mais parce qu’elles s’inspirent de très anciennes croyances indigènes.
Les tableaux présentés, de taille très variable, utilisent aussi d’autres techniques que celles nommées plus haut, comme l’acrylique et les collages. Certains sont accompagnés d’éléments de poèmes, de Rimbaud, Philippe Jaccottet ou Marguerite Burnat-Provins, ou encore d’écrivains japonais. Nous avons noté cette réflexion du philosophe allemand Friedrich Hegel : « Ecoutez la forêt qui pousse plutôt que l’arbre qui tombe ». Une belle leçon de vie !
On appréciera particulièrement un ensemble très réussi et « muséal » de petites toiles carrées, où le figuratif et l’abstrait jouent entre eux. Nouveauté dans le travail d’Anne-Lise Saillen : la présence d’animaux, plus ou moins imaginaires. L’artiste fait ainsi référence au Jardin d’Eden. Notons enfin la présence de quelques mobiles, un art que l’artiste a particulièrement cultivé et qu’on a pu admirer lors d’une monumentale exposition lausannoise de 2012 à 2014 dans le quartier du Flon.
En bref, Anne-Lise Saillen poursuit son travail créateur sur le thème de l’Arbre, entamé dès ses débuts artistiques en 1983. Mais elle nous en offre à chaque fois une approche nouvelle.