Exposition – A la découverte de Ferdinand Springer
Le Musée Jenisch présente les travaux de l’artiste germano-suisse
Grâce à une exceptionnelle donation de 230 pièces, le Cabinet cantonal des estampes expose l’œuvre du peintre et graveur Ferdinand Springer (1907-1998). L’intérêt majeur de cette présentation est de mettre en valeur la profonde évolution de l’artiste. De culture classique, il a commencé par admirer Dürer et Rembrandt, auquel il empruntera la technique du clair-obscur. Proche de Le Corbusier, il reprend un certain nombre de thèmes tirés de l’Antiquité grecque et de la mythologie, comme celui de Prométhée. Cet aspect figuratif de son œuvre fait aussi songer à celle de Hans Erni. Puis il découvre l’abstraction géométrique. A notre humble avis, ces travaux-ci trahissent bien leur époque et ne sont pas les plus originaux. Springer installe son atelier à Grasse, dans le sud de la France mais, après un internement en 1939 dans un camp, comme sujet allemand, à l’instar de Max Ernst et de Hans Bellmer, il peut gagner la Suisse. Il avait déjà découvert l’œuvre de Paul Klee, avec lequel il était lié par une profonde amitié. C’est notamment la musique qui les réunissait. Particulièrement celle de Debussy. Elle a inspiré le travail de Springer, comme on le voit notamment dans Prélude (1953).
C’est la dernière partie de l’exposition qui nous paraît la plus originale. Elle séduira particulièrement le public. Ferdinand Springer, dans les années 1960, s’est ouvert à d’autres civilisations, amérindiennes, aborigènes d’Australie, orientales (en particulier khmère d’Angkor) et aux traditions bouddhistes. Son œuvre, qui s’inspire très librement de ces cultures, dégage donc une certaine spiritualité et invite à la méditation. Enfin l’artiste a éprouvé une sorte de fascination pour les galets, de formes, textures et couleurs différentes. Il recourt alors à plusieurs techniques, dont l’aquatinte sur papier vélin. On appréciera donc de parcourir l’œuvre de toute une vie avec toute sa diversité.
Et, on ne le répétera jamais assez, les personnes qui ne connaissent pas encore le Musée Jenisch, créé en 1897 par une mécène allemande, en profiteront pour (re)découvrir l’œuvre de Oskar Kokoschka, notamment sa période expressionniste, à laquelle appartient par exemple le très beau tableau consacré à Prague, ainsi que la reproduction grandeur nature de son atelier. L’institution veveysanne
possède d’ailleurs la plus grande collection au monde de ce peintre célèbre d’origine austro-hongroise ! Et pour terminer, on en profitera pour parcourir la petite exposition permanente du musée (régulièrement renouvelée), qui contient, entre autres artistes suisses et étrangers, deux beaux ensembles de tableaux de Hodler
et Vallotton.
« Ferdinand Springer. Le geste et l’esprit »
Musée Jenisch, Vevey, jusqu’au 12 janvier 2025