Défis forestiers face aux effets d’une météo capricieuse
Jeudi 15 mai, la salle du Conseil communal de l’Hôtel de Ville, de Moudon, accueillait les membres de la Société coopérative bois-énergie Jorat-Broye et du Groupement forestier Broye-Jorat (GFBJ) pour les AG de printemps.

Abandon de la vente de bois bûché et pose de panneaux photovoltaïques
Daniel Henry, président des deux entités ouvrit la séance de la Coopérative à 19h. A l’unanimité, les délégués acceptèrent les comptes 2024 se soldant par un bénéfice de Fr. 25’424.18 pour des totaux égaux de Fr. 494’069.44. Marc Rod, garde forestier, chargé de la gestion de cette dernière informa que la vente de bois bûché était abandonnée. La demande insuffisante ne couvre plus les frais et le manque de couvert pour le stocker en déprécie la qualité. La vente de plaquettes sèches reste plus ou moins stable par rapport à 2023 et la vente de plaquettes vertes à la caserne de Moudon a repris en janvier de cette année après six mois sans consommation. Les résultats de cet exercice ont permis de ristourner Fr. 45’000.- aux communes sur le prix d’achat des bois. La pose de panneaux photovoltaïques sur les dépôts de Carrouge et Moudon est achevée. La production électrique totale sera de 220’000 kW/an.

Plus de contrôles sur le terrain et moins d’administratif
A 19h30 débuta la seconde séance. Après lecture du rapport de la commission des comptes, ces derniers, dont les totaux égaux se montent à Fr. 1’465’071.96 furent acceptés à l’unanimité. Marc Rod releva la lourdeur administrative relative à l’obtention des subventions « Les montants sont intéressants mais ce n’est pas suffisant. Actuellement, il n’est pas possible de les utiliser à cause de la rigidité du cadre. Un dossier sur trois nous est retourné pour un détail, quel que soit son montant. Nous en avons traité 90 cette année. Cette surcharge de travail démotive les gardes qui renoncent à faire des demandes. Nous sollicitons plus de contrôles sur le terrain que de virgules sur les dossiers. Le canton doit nous faire confiance ». Damien Jordan, inspecteur forestier, confirma que ces complications administratives étaient connues. « Des subventions vont passer au forfait ce qui diminue les travaux d’élaboration des dossiers. Des réflexions sont en cours pour trouver un autre système d’attribution ».
Balade en forêt : responsabilité à revoir
Dans son rapport, Daniel Sonnay, président du comité de direction, rappela que sans l’argent du canton, il ne serait pas possible financièrement de faire des travaux en forêt. « Ce ressenti de non-sens administratif doit être transmis aux députés et communiqué au sein du canton ». Il apprécia la bonne entente qui prévaut au sein des gardes et remercia Christophe Rémy qui assure le remplacement ad intérim de Didier Gétaz ainsi que la secrétaire et le boursier. Il releva la diminution des possibilités de coupes due au bostryche qui pullule et oblige à effectuer des coupes sanitaires, mais aussi, bonne nouvelle, une demande de certains architectes pour ces bois bostrychés. Une utilisation dont le canton a montré l’exemple pour la construction de bâtiments. Il s’alarma par rapport à l’accusation de négligence faite au garde forestier et au municipal des forêt, à la suite de la chute d’un arbre qui a grièvement blessé une personne. « Nous avons 70km de chemins pédestres à Oron, il n’est pas possible de tout contrôler. Dernièrement une branche d’un gros tilleul sur la place de la Foire s’est rompue et a démoli un véhicule. Cet arbre venait pourtant d’être toiletté, sans signe apparent de pourriture. Il a été abattu. Le climat et le déséquilibre rendent la forêt dangereuse. On ne s’y promène pas lors de gros vent et de tempête. La notion de responsabilité est à revoir. » Au niveau des activités il souligna la réussite de la Fête de la Forêt à Moudon, la plantation d’arbres par les enfants, les sensibilisant à ce domaine et la sortie du Groupement qui a visité la scierie Schilliger Holz AG, à Küssnacht.
Rapport de l’inspecteur forestier
Damien Jordan axa son rapport sur l’évolution des dégâts du bostryche sur l’épicéa dans le canton de Vaud, repartie en flèche en 2024 pour arriver à env. 190’000 sylves. Région la plus impactée : le Jura. Après une information sur la réfection de la desserte forestière, il signala l’obligation de faire appliquer la législation relative à l’interdiction de la circulation des véhicules à moteur sur les routes forestières, ce qui est déjà le cas pour la majorité des routes du GFBJ. Il termina par la redistribution territoriale des arrondissements afin d’équilibrer les tâches, une modification qui n’impacte pas le groupement.
Anticipation du changement climatique par la plantation d’autres essences
Didier Gétaz, garde forestier de la Haute Broye, fit le rapport d’activité 2024. Une année marquée par de nombreux foyers de bostryche en raison des sécheresses des années précédentes, ce qui a occasionné un rythme soutenu de travail pour les entreprises avec un marché des bois morose. Depuis l’automne des conditions météorologiques pluvieuses ont fortement compliqué l’exploitation. La surface des plantations représente 8,46 ha, majoritairement des feuillus (4427 plants) châtaignier, charme, chêne, tilleul érable, noyer et des résineux (2740 plants) pin sylvestre, mélèze, douglas et sapin de Serbie. « Afin de tenter d’anticiper les changements climatiques subit depuis quelques années, nous essayons d’introduire d’autres essences ». 53.09 ha de jeunes peuplements ont bénéficié de soins culturaux. Sur un total de 14’050m3, le bois de service résineux représente le 59 % du volume total de la production, suivi par le déchiquetage de bois feuillu 20 %. Le déchiquetage de bois résineux augmente en raison des conditions de commercialisation non rentables en début de saison des sciages bostrychés, pour atteindre 20 %. Enfin, le sciage de feuillu de faible demande atteint 1 %. Malgré un constat peut réjouissant de l’état des forêts, la biodiversité forestière a montré des signes d’amélioration. Les conditions chaudes et humides de 2024 ont fait exploser la végétation dans les jeunes peuplements comme rarement constaté ces dernières années. « Nous observons aussi que certains propriétaires de forêts privées sont peu enclins à faire exploiter leurs forêts, au risque de les voir dépérir sur pied en raison de l’évolution du climat. »
Un marché stagnant
Steve Gander, l’agent de La Forestière, société coopérative chargée de la commercialisation des bois, se réjouit de la valorisation des bois frais bostrychés passant de Fr. 50.- à Fr. 70.-, le monde s’étant adapté à cette situation. « Le marché de cet assortiment est parti au niveau le plus bas. En mai 2024, la scierie Zahnd SA a réagi en créant la catégorie « K » soit du joli beau bleui (bostryché) et payé à Fr. 70.-. Le marché qui a touché le creux de la vague l’année passée remonte graduellement. Le manque de grumes, notamment en Allemagne, même si la construction peine, tire le marché qui n’est pas mauvais mais qui se met à stagner complète Didier Wuarchoz, directeur de La Forestière.
Sylviane Gosteli, responsable de l’économie forestière et de la promotion du bois, affirma qu’elle veillerait à ramener et transmettre les remarques à la Direction générale de l’environnement. A l’issue de la séance, Jean-Philippe Steck, municipal des lieux invita les participants à partager un apéritif.