Découvrir la démocratie au coeur du parlement suisse
Oron joue la politique
Dans le cadre du jeu éducatif « Joue la politique ! », des élèves du secondaire ont investi le Parlement suisse pour vivre une immersiondans les rouages de la démocratie semi-directe. Durant ces deux jours passés au Palais fédéral, ils ont débattu et voté comme de véritables parlementaires, une expérience pédagogique et citoyenne. Reportage en juniorcratie.
À la place des conseillères nationales et conseillers nationaux habituels, ce sont des élèves de 14 et 15 ans qui ont incarné, le temps de deux jours (mardi 26 et mercredi 27 novembre), les rôles des parlementaires suisses. Pour cette dernière session de l’année, des élèves d’Oron (VD), de Cernier (NE), d’Eglisau (ZH) et de Winterthour (ZH) avaient fait le déplacement dans la capitale. Pour le seul établissement vaudois, c’est Pierrick Frech, enseignant de géographie et de citoyenneté, qui a inscrit deux classes, poursuivant ainsi l’action initiée l’an dernier avec d’autres élèves. Elena Zunitin Chabod et Morgane Madi, enseignantes de français et d’allemand, accompagnaient également le groupe. En tout, ce sont 29 élèves d’Oron qui ont fait le déplacement pour vivre cette immersion au cœur des institutions fédérales.
Préparation importante
Depuis la rentrée d’août, les élèves se préparaient à cet événement. Avec près de 20 leçons consacrées au projet, ils ont étudié les rouages du système politique suisse, rédigé leurs initiatives et simulé des débats. « Du point de vue citoyenneté, c’est exactement ce que nous devons apporter aux élèves », explique Pierrick Frech. « Non seulement sur la structure du système politique suisse, mais aussi sur la manière de faire valoir ses droits citoyens ». Pour faire simple, cela permet de passer de la théorie à la pratique.
«Je ne pensais pas que la politique était aussi impressionnante»,
Paul Hübner, élève d’Oron et président du parti fictif PNJ’S.
Si la citoyenneté est au cœur de ce jeu, d’autres branches sont concernées : « Pour le français, cela permet de travailler la rédaction, le débat, et l’oralité », souligne Elena Zunitin Chabod. Les compétences transversales, comme apprendre à se confronter à d’autres opinions ou à une culture différente, sont aussi au programme. Morgane Madi, enseignante d’allemand, partage son enthousiasme avec humour : « En tant que prof d’allemand, je crois que ça se passe de commentaires ! Cela fait tomber certaines barrières culturelles. Les élèves ont rencontré d’autres jeunes de leur âge et ont découvert qu’ils étaient sympas. »
Des initiatives ancrées dans l’actualité
Après une visite du Palais fédéral mercredi matin, les élèves ont pris place dans la salle du Conseil national. C’est là qu’ils ont expliqué et défendu les objets qu’ils avaient déposés plusieurs semaines auparavant à la Chancellerie fédérale. Des initiatives qui changent la Constitution fédérale, tout comme en vrai. Transports gratuits, droit de vote dès 14 ans, protection de la neutralité suisse et protection des mineurs sur les réseaux sociaux : les initiatives reflétaient les préoccupations et les besoins d’une jeunesse connectée et mobile.
«Cela montre qu’on peut dépasser les barrières culturelles»,
Morgane Madi, enseignante d’allemand à Oron
Comme dans le cadre réel, chaque initiative a été examinée en amont par une commission composée d’élèves. Ces groupes ont débattu, proposé des contre-projets et, parfois, modifié les textes initiaux. Pour incarner le Conseil fédéral, la conseillère nationale Verte Delphine Klopfenstein Broggini a joué le jeu, rappelant les recommandations des sept sages avant de passer aux votes. Une réalité qui a même fait surgir à un certain Röstigraben, puisque les élèves romands étaient favorables à la gratuité des transports en commun pour les moins de 18 ans, tandis que leurs camarades suisses-allemands, s’inquiétant de surcharger davantage les transports publics.
Une expérience marquante
Ces deux jours intenses, rythmés par des séances de commissions, des débats de groupes parlementaires et des préparations de discours, ont laissé des traces chez les participants : « Je ne pensais pas que la politique était aussi impressionnante », confie Paul Hübner, élève d’Oron et président du parti fictif PNJ’S. Certains participants, initialement peu intéressés par le sujet, ont été agréablement surpris. « Des élèves m’ont dit qu’ils trouvaient cela passionnant et qu’ils ne se seraient jamais imaginés s’intéresser à la politique », raconte Elena Zunitin Chabod. Pour Morgane Madi, ce séjour représente bien plus qu’une simple immersion politique : « Ces échanges ont cassé certains clichés et montré qu’on pouvait travailler ensemble, même si on ne partage pas la même langue maternelle. »
Au-delà de l’aspect pédagogique, cette aventure a permis de tisser des liens entre élèves issus de régions linguistiques différentes. « Cela montre qu’on peut dépasser les barrières culturelles et collaborer, même avec des sensibilités différentes », souligne l’enseignante d’allemand.
Pour les 29 élèves d’Oron, cette immersion restera gravée comme une expérience unique, où ils ont découvert non seulement les mécanismes de la démocratie, mais aussi le pouvoir de leur propre engagement citoyen.