Décès de Maurice Dovat à Ecoteaux
Nicolas Bichovsky | Maurice Dovat est décédé dans la nuit de dimanche 4 décembre dernier. Il a été découvert en soirée gisant inanimé au bord de la route, au village. Son état n’était pas provoqué par une cause accidentelle. Il a été pris en charge par une ambulance et conduit au CHUV où il n’a pu être réanimé. Né en 1944, fils d’agriculteurs, Maurice était le cadet de deux soeurs. A la suite du décès de son père, il a repris la ferme familiale, pour un temps, puis travaillé dans l’entreprise Grandchamp de Puidoux. Il aimait les chevaux et a toujours gardé un attelage avec lequel il se tenait à disposition pour des balades, et participait à des concours et des cortèges. Maurice vivait seul dans un petit appartement. C’était un personnage, il était la mémoire du village. Avec son caractère bien trempé, il pouvait parfois se montrer malcommode, mais il était respecté et estimé. Il y a quelques années, il avait été fêté, comme on sait le faire à Ecoteaux, pour avoir assumé durant 30 ans la fonction de scrutateur du Conseil général. Maurice avait déjà eu des ennuis de santé avant ce dimanche fatal. Il était né au village, il y avait vécu et souhaitait y mourir. Il avait rédigé clairement ses dernières volontés et les avaient remises à un cousin. Dès lors, conformément à son vœu, c’est dans un corbillard tiré par deux chevaux qu’il a effectué son dernier voyage, jusqu’au cimetière d’Ecoteaux. Un dernier hommage lui a été rendu le vendredi 9 décembre, lors d’une cérémonie présidée par le pasteur Raymond dans la salle du village. Nous adressons nos sincères condoléances à la famille de Maurice.
Hommage à Maurice Dovat: A Maurice
Jeanne Kuonen | Nos premiers contacts, cher Maurice, furent suite aux empreintes de pieds laissées par tes chevaux, dans mon carré de fleurs au jardin. Ces derniers avaient déjoué ta vigilance et voilà qu’ils en avaient profité pour sillonner mes plates bandes et déguster quelques brindilles colorées. En quelques minutes, ils avaient tracé les futurs emplacements pour mettre en terre mes bulbes de tulipe du printemps suivant.
Plus tard, avec les compétences d’un expert, tu m’as appris les tenants et aboutissants du joli métier de scrutatrice. D’abord compter les enveloppes, les ouvrir, les vérifier, les séparer, les mettre en paquets de 10, compter et recompter les oui et les non et au bout du compte, épuisés, lorsque le décompte était enfin parti vers notre précieux préfet, on fêtait gentiment avec un petit verre de blanc avant de rentrer chacun chez soi pour le diner.
Et tu racontais et tu racontais… Tu connaissais l’histoire de chacun des habitants de la commune, de ses aïeux jusqu’aux petits-enfants, des lopins de terre et des fermes et aussi la chronique des maisons d’habitation. Tu savais retracer l’histoire entière d’une famille entrecroisant anecdotes et durs coups de la vie, mariages et enterrements. Tu étais la mémoire vive du village, celle qui se raconte et qui ne s’écrit pas. Celle qu’on veut garder vivante à jamais.
Et plus tard encore, de votations en élections et de scrutins en suffrages, je suis devenue «ta chère présidente». Que d’honneurs tu n’as pas fait pour le bureau du Conseil. Les plus mémorables furent nos sorties en calèche. Des journées inoubliables, toi aux commandes de tes 2 juments et nous tous, membres du Conseil d’Ecoteaux, le nez au vent, commentant le paysage à chaque virage, nous restions soucieux que nos rires ne surpassent pas le bruit des sabots martelant la route. J’ai plus appris sur ma commune, lors de ces sorties, qu’au fil des 10 ans passés depuis mon arrivée au village.
Merci Maurice d’avoir été notre compagnon pour un bout du voyage. Aujourd’hui tu nous quittes, ton char tiré cette fois-ci par des chevaux ailés, ceux des contes et des chimères. Mais je suis sûre que ceux-là aussi tu sauras bien les apprivoiser. Bon voyage vers les étoiles cher Maurice.