Pour Noël, un film authentiquement chrétien
Pierre Jeanneret | Ce film n’a rien à voir avec les niaiseries qui sortent chaque année sur les écrans à l’occasion d’une fête de Noël de plus en plus commerciale! L’Ami, François d’Assise et ses frères est un film d’inspiration chrétienne, même s’il peut fort bien être vu par des non croyants. Un avertissement: le film est assez austère (dans la filiation de ceux de Robert Bresson) et de rythme lent, au contraire du frénétisme qui caractérise beaucoup de productions contemporaines. Il est presque entièrement tourné en décor naturel, hormis une ou deux églises médiévales. On y entend de très beaux chants religieux.
Nous sommes au début du 13e siècle en Italie. Fils de bonne famille qui a abandonné tous ses biens, François, par sa foi intense et son charisme, a réuni autour de lui un groupe de disciples. La Règle de ce qui n’est pas encore un ordre religieux insiste sur trois points: la volonté de créer un monde de paix et d’égalité, celle de vivre avec et comme les plus démunis, enfin l’absence de hiérarchie et d’esprit d’obéissance. D’où l’hostilité de l’Eglise officielle qui craint pour son pouvoir. Elle considère le groupe autour de François presque comme hérétique. Même si une joyeuse fraternité règne entre lui et ses disciples, il y a des dissensions entre eux sur la manière de réaliser leur idéal. Certains par exemple voudraient posséder des terres, pour mieux aider les pauvres en distribuant de la nourriture. François s’en tient, lui, à son vœu de pauvreté absolue. Finalement, l’un de ses amis le «trahira», supprimera les articles de la Règle qui font peur à l’Eglise et créera l’ordre des Fransiscains. Le film se termine par un chant religieux de paysans en italien, ce qui montre bien que François voulait une religion proche du peuple.
Enfin ce film a des résonnances actuelles. Remarquons d’abord que toutes les femmes, en ce 13e siècle, portaient un «voile». Et surtout le fait que François d’Assise valorisait la mendicité, qu’il pratiquait lui-même avec ses compagnons. Cela nous change de l’inutile, inhumaine et honteuse décision du Grand Conseil de l’interdire sur le territoire vaudois…
Renaud Fely et Arnaud Louvet, «L’Ami, François d’Assise et ses frères», en couleurs, France-Italie, 2016, 1h 27 min. Le film va sortir sur nos écrans.