Cully: le repas des fauves
Com. | Paris 1942. Sous l’occupation allemande, Victor et Sophie reçoivent cinq amis pour fêter l’anniversaire de cette dernière. Soudain des coups de feu retentissent dans la rue. Deux soldats allemands sont tués par des résistants français. Surgit dans l’appartement de Victor et Sophie un commandant «SS» qui exige le sacrifice de deux otages parmi les sept convives pour compenser la perte des deux soldats allemands.
Tout comme Corneille et les dilemmes «cornéliens» de ses pièces, l’auteur Vahé Katcha (adaptation de J. Sibre) pose l’impossible choix entre le rationnel, à savoir le sacrifice de deux personnes pour en sauver cinq autres et le désir, celui de ne pas mourir, le désir de vivre, le désir de nommer ou de faire nommer ceux qui seront sacrifiés pour ne pas l’être soi-même… Il n’y a pas d’alternative possible. Le groupe a une décision à prendre. Décision qui ne comportera que des conséquences négatives pour lui. Les «amis» sauront-ils décider? Qui vivra et qui ne vivra plus: un «gaulliste» ou un «pétainiste», une vie a-t-elle plus de valeur qu’une autre et si oui, sur la base de quels critères, obéir ou désobéir à l’occupant, défendre ensemble le groupe, la nation ou défendre sa seule personne, sont les questions que posent «Le repas des fauves».
La troupe de théâtre Les Perd-Vers change de registre pour sa saison 2017 avec la comédie humaine, le drame de Vahé Katcha et mis en scène par Guy Delafontaine, comédien et metteur en scène professionnel. Ecrite dans les années soixante, cette pièce a obtenu trois récompenses aux Molières 2011. Elle se veut un autre regard sur la France de la seconde guerre mondiale. Au sortir de celle-ci, la France a voulu redorer son blason en relevant sa capacité de résistance dans le but de redonner un élan patriotique aux Français et aux Françaises. Ce faisant, elle a occulté les moments sombres de son histoire: Vichy, le Velvet, la capitulation… Avec ses sept personnages qui doivent faire un choix de résistance ou de lâcheté, de raison ou de peurs, de courage ou d’opportunisme, Vahé Katcha revient sur cette période d’occupation et pose la question intemporelle: qu’aurions-nous fait et que ferions-nous aujourd’hui? «Le repas des fauves» n’entre dans aucune catégorie théâtrale classique. La comédie côtoie le drame, le cynisme guerroie contre l’empathie.
Cully: salle de la place du Major Davel 16 février 2017 à 20h30 – Réservation : 079 170 67 37